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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/98

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M. Desmaret prétend distinguer deux sortes de basaltes[1] : il dit avoir comparé le basalte noir, dont on voit plusieurs monuments antiques à Rome, avec ce qu’il appelle le basalte noir des environs de Tulle en Limousin ; il assure avoir vu dans cette pierre des environs de Tulle les mêmes lames, les mêmes taches et bandes de quartz ou de feldspath et de zéolithe que dans le basalte noir antique : néanmoins, ce prétendu basalte de Tulle n’en est point un ; c’est une pierre argileuse mêlée de mica noir et de schorl, qui n’a pas à beaucoup près la dureté de la lave compacte ou du basalte, et qui ne porte d’ailleurs aucun caractère ni aucun indice d’un produit de volcan ; au contraire, les basaltes gris, noirs et verdâtres des anciens sont, de l’aveu même de cet académicien, composés de petits grains assez semblables à ceux d’une lave compacte et d’un tissu serré, et ces basaltes ressemblent entièrement au basalte d’Antrim en Irlande et à celui d’Auvergne[2].

    laves qui ont jusqu’à deux cents pieds d’épaisseur. (Note de M. le baron de Dietrich : Lettres de Ferber, p. 275.)

  1. « La première, dit-il, est le basalte noir ou le schorl en grandes masses, et composé de petites lames que quelques naturalistes italiens appellent aussi gabbro ; la seconde est le basalte gris et même un peu verdâtre… Assez souvent les blocs un peu considérables de ce basalte offrent des taches, et même des sortes de bandes assez suivies, ou de quartz ou de feldspath rosacé, ou même de zéolithe, qui les traversent en différents sens… Le basalte noir a une grande affinité avec le granit… Cette pierre est d’une dureté fort grande, et, vu son mélange avec le granit, il est difficile qu’on en trouve des blocs un peu considérables… La collection des antiquités du Capitole offre un grand nombre de statues de basalte noir… Elles sont de la plus grande dureté, d’un beau noir foncé, et la pierre rend un son clair… Les statues du palais Barberin sont de cette même matière, quoique moins pure, car on y voit des points blancs quartzeux et des taches de granit. » — Ces points blancs quartzeux ne sont-ils pas le schorl en grenats blancs, qui se trouvent dans presque toutes les laves et basaltes ? Voyez les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1773, p. 599 et suiv.
  2. « On distingue trois substances qui sont renfermées dans les laves : les points quartzeux et même les granits entiers, le schorl ou gabbro ; les matières calcaires, celles qui sont de la nature de la zéolithe ou de la base de l’alun : ces deux dernières substances présentent dans les laves toutes les matières du travail de l’eau, depuis la stalactite simple jusqu’à l’agate et la calcédoine. Ces substances étrangères existaient auparavant dans le terrain où la lave a coulé, elle les a entraînées et enveloppées ; car j’ai observé que, dans certains cantons, couverts de laves compactes ou d’autres productions de feu, on n’y trouve pas un seul vestige de ces cristaux de gabbro, si les substances qui composent l’ancien sol n’en contiennent point elles-mêmes. »

    Mais nous devons observer qu’indépendamment de ces matières vitreuses ou calcaires, saisies dans leur état de nature, et qui sont plus ou moins altérées par le feu, on trouve aussi dans les laves des matières qui, comme nous l’avons dit, s’y sont introduites depuis par le travail successif des eaux. « Elles sont, comme le dit M. Desmarest, le résultat de l’infiltration lente d’un fluide chargé de ces matières épurées, et qui a même souvent pénétré des masses d’un tissu assez serré ; elles ne s’y trouvent alors que dans un état cristallin et spathique… Elles ont pris la forme de stalactites en gouttes rondes ou allongées, en filets déliés, en tuyaux creux ; et toutes ces formes se retrouvent au milieu des laves compactes comme dans les vides des terres cuites. » Mémoires de l’Académie des sciences, année 1773, p. 624.

    À ce fait, qui ne m’a jamais paru douteux, M. Desmarest en ajoute d’autres qui mériteraient une plus ample explication. « Les matériaux, dit-il, que le feu a fondus pour produire le basalte sont les granits. » — Les granits ne sont pas les seuls matériaux qui entrent dans la composition des basaltes, puisqu’ils contiennent peut-être plus de fer, ou d’autres substances, que de matières graniteuses. — « Les granits, continue cet académicien, ont éprouvé par le feu différents degrés d’altération qui se terminent au basalte : on y voit le spath fusible (feldspath), qui dans quelques-uns est grisâtre, et qui dans d’autres forme