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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/46

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Dans ces mines pyritiformes, comme dans les mines spathiques, la concrétion ferrugineuse se présente sous les formes primitives des pyrites et du spath calcaire ; cependant la formation de ces deux mines est très différente ; la dernière s’opère par une infiltration du fer dissous, qui peu à peu prend la place du spath, au lieu que la mine pyritiforme ne reçoit aucune nouvelle matière, et conserve seulement la même quantité de fer qu’elle contenait dans son état de pyrite : aussi ces mines pyritiformes sont-elles en général bien moins riches en métal que les mines spathiques.

La forme la plus ordinaire de ces concrétions pyritiformes est en cubes isolés ou groupés, c’est-à-dire la même que celle des pyrites qui ont subi ce changement par la déperdition de l’acide et du feu fixe qu’elles contenaient ; les pyrites arrondies ou aplaties, étant aussi sujettes à cette déperdition par l’impression des éléments humides, peuvent former de même des concrétions ferrugineuses qu’on doit mettre au nombre de ces mines pyritiformes ; ni les unes ni les autres ne sont attirables à l’aimant, et aucune n’est assez dure pour faire feu contre l’acier.


MINE DE FER SPATHIQUE

Cette matière ferrugineuse[NdÉ 1], qui se trouve souvent en grandes masses et qui est très riche en métal, n’est encore qu’une combinaison du fer décomposé par l’eau, car cette mine spathique n’est point attirable à l’aimant : le fond primitif de sa substance était un spath calcaire que le fer dissous a pénétré sans en changer la forme, ni même la texture apparente ; cette matière appelée mine de fer spathique, parce qu’elle conserve la forme du spath calcaire, se présente, comme ce spath, en cristaux de forme rhomboïdale, elle est ordinairement blanche ou grisâtre, un peu luisante, assez douce au toucher, et ses cristaux paraissent composés de petites lames toutes semblables à celles du spath calcaire ; elle n’a guère plus de dureté que ce même spath : on peut également les rayer ou les entamer au couteau, et ils n’étincellent ni l’un ni l’autre sous le choc de l’acier. Le fer, dissous par l’eau en une rouille très fine, s’est d’abord insinué dans la matière calcaire, et peu à peu a pris sa place en s’y substituant sans changer la figure des espaces, de la même manière que l’on voit les parties dissoutes du fer, du cuivre, des pyrites, etc., s’insinuer dans le bois, et le convertir en substance métallique sans déranger la forme de son organisation.

Ces mines de fer spathiques exposées au feu deviennent noires, et elles décrépitent lorsqu’elles sont réduites en poudre ; exposées à l’air, elles conservent leur couleur blanche si elles sont pures et sans autre mélange que la matière calcaire ; car celles qui sont mêlées de pyrites perdent peu à peu leur blancheur, et deviennent jaunes ou brunes par l’impression des éléments humides, et, comme le fond de leur essence est une rouille de fer, elles reprennent peu à peu cette forme primitive, et se changent en ocres avec le temps.

La plupart de ces mines spathiques sont en masses informes, et ne présentent la cristallisation spathique qu’à la surface ou à leur cassure ; les unes sont aussi compactes que la pierre calcaire, d’autres sont cellulaires, et toutes ont conservé dans leur intérieur la forme rhomboïdale des spaths calcaires ; mais, comme quelques-uns de ces spaths affectent une figure lenticulaire, on a aussi trouvé des mines spathiques sous cette forme ; et M. Romé de Lisle[1] observe, avec raison, que la mine de fer en crête de coq, qui se

  1. C’est un carbonate de fer.
  1. Mine de fer hépatique en cristaux lenticulaires groupés en crêtes de coq. — La minière des Trois-Rois, à Baigory en basse Navarre, a fourni de très beaux groupes