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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/64

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la meule de fer pour séparer l’or par l’amalgame ; et que c’est au moins de là que vient le mercure qui s’y trouve ; qu’il arrive peu de platine en Europe qui n’ait passé par cette meule (Journal de physique, 1778, page 327). Cette meule dont parle M. Bergman n’existe pas, au moins n’en ai-je jamais entendu parler. Quant au mercure, il a raison, cette substance se trouve assez souvent dans le platine. »

Je dois joindre à ces observations de M. Le Blond quelques réflexions : je ne pense pas que le fer seul puisse se convertir en platine, comme il paraît le présumer. J’ai déjà dit que le platine était composé d’or dénaturé par l’arsenic, et de fer réduit en sablon magnétique par l’excessive violence du feu, et j’ai fait faire quelques essais pour vérifier ma présomption[NdÉ 1]. M. l’abbé Rochon a voulu se charger de ce travail, et j’ai aussi prié M. de Morveau de faire les mêmes expériences. L’or fondu avec l’arsenic devient blanc, cassant et grenu, il perd sa couleur, et prend en même temps beaucoup plus de dureté ; cet or altéré par l’arsenic, fondu une seconde fois avec le sablon ferrugineux et magnétique qui se trouve mêlé avec le platine naturel, forme un alliage qui approche beaucoup du platine, tant par la couleur que par la densité. M. l’abbé Rochon m’a déjà remis le produit de nos deux premiers essais, et j’espère que nous parviendrons à faire du platine artificiel par le procédé suivant, dont seulement il faudra peut-être varier les doses et les degrés de feu.

Faites fondre un gros d’or le plus pur avec six gros d’arsenic, laissez refroidir le bouton, pulvérisez cet or fondu avec l’arsenic dans un mortier d’agate, mêlez cette poudre d’or avec trois gros du sablon magnétique qui se trouve mêlé au platine naturel ; et comme la fusion de ce mélange exige un feu très violent et qu’il faut que le sablon ferrugineux s’incorpore intimement avec l’or, vous ajouterez à ces matières une bonne quantité de nitre, qui produira assez d’air inflammable pour rendre la fusion parfaite, et vous obtiendrez par cette opération un produit très semblable au platine naturel. Il est certainement plus possible de faire du platine artificiel que de convertir le platine en or ; car quelques efforts qu’aient faits nos chimistes pour en séparer ce métal précieux, ils n’ont pu réussir, et de même ils n’ont pu en séparer absolument le fer qu’il contient ; car le platine le plus épuré, qui paraît ne pas être attirable à l’aimant, contient néanmoins dans son intérieur des particules de sablon magnétique, puisqu’en le réduisant en poudre, on y retrouve ces particules ferrugineuses qu’on peut en retirer avec l’aimant.

Au reste, je ne sais pas encore si nous pourrons retirer l’or de ces boutons de platine artificiel, qui me paraissent avoir toutes les propriétés du platine naturel : seulement il me paraît que, quand l’or a été dénaturé par l’arsenic, et intimement mêlé avec le sablon ferrugineux et magnétique, il n’y a guère moyen de lui rendre sa ductilité et sa première nature et que, par conséquent, il sera toujours très difficile de tirer du platine tout l’or qu’il contient, quoique la présence de ce métal dans le platine nous soit démontrée par son poids spécifique, comme la présence du fer l’est aussi par son magnétisme.


PRODUITS VOLCANIQUES

Nous avons parlé, en plusieurs endroits de cet ouvrage, des basaltes et des différentes laves produites par le feu des volcans ; mais nous n’avons pas fait mention des différentes substances qu’on est assez surpris de trouver dans l’intérieur de ces masses

  1. Le platine est un métal aussi nettement individualisé que l’or, le fer, etc.