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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/90

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Le jaspe primitif, étant opaque par sa nature, n’a produit que des stalactites opaques qui nous sont représentées par tous les jaspes de seconde formation : les uns et les autres, n’étant que des quartz ou des extraits de quartz imprégnés de vapeurs métalliques, sont également réfractaires au feu ; et, d’ailleurs, leur pesanteur spécifique, qui n’est pas fort différente de celle des quartz, démontre qu’ils ne contiennent point de schorl, et leur poli sans chatoiement démontre aussi qu’il n’est point entré de feldspath dans leur composition.

Enfin le mica, qui n’a été produit que par les poudres et les exfoliations des quatre autres verres primitifs, a communément une transparence ou demi-transparence, selon qu’il est plus ou moins atténué. Ce dernier verre de nature a formé, de même que les premiers, par l’intermède de l’eau, des stalactites demi-transparentes, telles que les talcs, la craie de Briançon, les amiantes, et d’autres stalactites ou concrétions opaques, telles que les jades, serpentines, pierres ollaires, pierres de lard, et qui toutes nous démontrent, par leur poli onctueux au toucher, par leur transparence graisseuse, aussi bien que par l’endurcissement qu’elles prennent au feu et leur résistance à s’y fondre, qu’elles ne tirent leur origine immédiate ni du quartz, ni du feldspath, ni du schorl, et qu’elles ne sont que des produits ou stalactites du mica, plus ou moins atténué par l’impression des éléments humides.

Lorsque l’eau, chargée des molécules de ces verres primitifs, s’est trouvée en même temps imprégnée, ou plutôt mélangée de parties terreuses ou ferrugineuses, elle a de même formé, par stillation, les cailloux opaques, qui ne diffèrent des autres produits quartzeux que par leur entière opacité ; et, lorsque ces cailloux ont été saisis et réunis par un ciment pierreux, leur agrégation a formé des pierres auxquelles on a donné le nom de poudingues, qui sont les produits ultérieurs et les moins purs de toutes les matières vitreuses ; car le ciment qui lie les cailloux dont ils sont composés est souvent impur et toujours moins dur que la substance des cailloux.

Les verres primitifs ont formé dès les premiers temps, et par la seule action du feu, les porphyres et les granits ; ce sont les premiers détriments et les exfoliations en petites lames et en grains plus ou moins gros du quartz, du jaspe, du feldspath, du schorl et du mica. L’eau ne paraît avoir eu aucune part à leur formation, et les masses immenses de granit qui se trouvent par montagnes dans presque toutes les régions du globe nous démontrent que l’agrégation de ces particules vitreuses s’est faite par le feu primitif ; elles nageaient à la surface du globe liquéfié en forme de scories ; elles se sont dès lors réunies par la seule force de leur affinité. Le jaspe n’est entré que dans la composition des porphyres ; les quatre autres verres primitifs sont entrés dans la composition des granits.

Les matières provenant de la décomposition de ces verres primitifs et de leurs agrégats par l’action et l’intermède de l’eau, tels que les grès, les argiles et les schistes, ont produit d’autres stalactites opaques, mêlées de parties vitreuses et argileuses, telles que les cos, les pierres à rasoir, qui ne diffèrent des cailloux qu’en ce que leurs parties constituantes étaient pour la plupart converties en argile lorsqu’elles se sont réunies ; mais le fond de leur essence est le même, et ces pierres tirent également leur origine de la décomposition des verres primitifs par l’intermède de l’eau.

La matière calcaire n’a été formée que postérieurement à la matière vitreuse ; l’eau a eu la plus grande part à sa composition, et fait même partie de sa substance, qui, lorsqu’elle est réduite à l’homogénéité, devient transparente : aussi cette matière calcaire produit des stalactites transparentes, telles que le cristal d’Islande, et tous les spaths et gypses blancs ou colorés ; et, quand elle n’a été divisée par l’eau qu’en particules plus grossières, elle a formé les grandes masses des albâtres, des marbres de seconde formation et des plâtres qui ne sont que des agrégats opaques, des débris et détriments des substances coquilleuses ou des premières pierres calcaires, dont les particules ou les grains, transportés par les eaux, se sont réunis et ont formé les plus anciens bancs des marbres et autres pierres calcaires.

Et, lorsque ce suc calcaire ou gypseux s’est mêlé avec le suc vitreux, leur mélange a