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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/211

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LA HULOTTE

La hulotte[1], qu’on peut appeler aussi la chouette noire, et que les Grecs appelaient nycticorax ou le corbeau de nuit, est la plus grande de toutes les chouettes[NdÉ 1] ; elle a près de quinze pouces de longueur depuis le bout du bec à l’extrémité des ongles ; elle a la tête très grosse, bien arrondie et sans aigrettes, la face enfoncée et comme encavée dans sa plume, les yeux aussi enfoncés et environnés de plumes grisâtres et décomposées, l’iris des yeux noirâtre ou plutôt d’un brun foncé, ou couleur de noisette obscure, le bec d’un blanc jaunâtre ou verdâtre, le dessus du corps couleur de gris de fer foncé, marqué de taches noires et de taches blanchâtres ; le dessous du corps blanc, croisé de bandes noires transversales et longitudinales[NdÉ 2] ; la queue d’un peu plus de six pouces, les ailes s’étendant un peu au delà de son extrémité, l’étendue du vol de trois pieds, les jambes couvertes jusqu’à l’origine des doigts des plumes blanches tachetées de points noirs[2] ; ces caractères sont plus que suffisants pour faire distinguer la hulotte de toutes les autres chouettes ; elle vole légèrement et sans faire de bruit avec ses ailes, et toujours de côté comme toutes les autres chouettes[NdÉ 3] ; c’est son cri[3] hoû oû oû oû ou ou ou, qui ressemble assez au hurlement du loup,

  1. Hibou, chat-huant, appelé aussi dame. Belon : Portraits d’oiseaux, page 26. Cette dénomination dame vient probablement de ce que cet oiseau a la face environnée d’un collier et d’une espèce de chaperon assez semblable à ceux que portent les femmes pour se couvrir la tête ; mais on peut dire la même chose de l’effraie et du chat-huant. — Ulula. Aldrov., Avi., t. Ier, page 538… Aluco, idem, t. Ier, page 534. — Chouette noire. Albin, t. III, page 4, planche viii, avec une figure mal coloriée. — Albin me paraît avoir fait une faute en disant dans sa description que cet oiseau a l’iris des yeux jaune, à moins qu’il n’appelle jaune le brun couleur de noisette, couleur où il entre en effet un peu de jaune obscur. — Noctua major. Frisch, pl. xciv, avec une figure bien coloriée. — La Hulotte, Brisson, Ornithol., t. Ier, p. 507.
  2. On peut encore ajouter à ces caractères un signe distinctif, c’est que la plume la plus extérieure de l’aile est plus courte de deux ou trois pouces que la seconde, qui est elle-même plus courte d’un pouce que la troisième, et que les plus longues de toutes sont la quatrième et la cinquième, au lieu que dans l’effraie la seconde et la troisième sont les plus longues, et l’extérieure n’est plus courte que d’un demi-pouce.
  3. Cet oiseau pousse la nuit, surtout quand il gèle, une voix terrible, qui fait peur aux femmes et aux enfants. Salerne, Ornithol., p. 53.
  1. C’est le Syrnium Aluco Sav. [Note de Wikisource : actuellement Strix aluco Linnæus, vulgairement chouette hulotte]. Les Syrnium sont des Rapaces nocturnes, de la famille des Strigidés, à bec médiocre, court, large à la base, comprimé sur les côtés, courbé dès l’origine et très pointu, à demi couvert par les plumes du front ; à oreilles dépourvues d’aigrettes ; à queue longue et large, à doigts revêtus de plumes pressées, à ongles longs, minces, crochus.
  2. La coloration de la hulotte est extrêmement variable et a servi de point de départ à la création d’un certain nombre d’espèces qui doivent être complètement abandonnées. C’est sur ce caractère que Buffon a fondé l’espèce qu’il étudie, immédiatement après la hulotte, sous le nom de chat-huant, et qui n’est que la femelle de la hulotte.
  3. Le vol de la hulotte est vacillant et peu rapide ; quand elle chasse, elle rase le sol ou ne s’élève que de quelques pieds. Elle redoute beaucoup la lumière.