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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/243

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la saison, le genre de maladie qui a précédé la mort, etc. Ils varient aussi pour la configuration extérieure, mais la structure interne est toujours la même ; leur place est sur les reins, un peu plus à gauche qu’à droite : G. Warren croit avoir aperçu des vésicules séminales.

Les femelles ont aussi des testicules[NdÉ 1] ; car je pense qu’on doit nommer ainsi ces corps glanduleux de quatre lignes de diamètre sur dix-huit de longueur que l’on trouve dans les femelles au-dessus de l’ovaire, adhérents à l’aorte et à la veine-cave, et qu’on ne peut avoir pris pour des glandes surrénales que par la prévention résultant de quelque système adopté précédemment. Les canes-petières femelles ont aussi des testicules semblables à ceux des mâles[1], et il y a lieu de croire que les outardes femelles en ont pareillement, et que si MM. les anatomistes de l’Académie, dans leurs nombreuses dissections, ont cru n’avoir jamais rencontré que des mâles[2], c’est qu’ils ne voulaient point reconnaître comme femelle un animal à qui ils voyaient des testicules. Or, tout le monde sait que l’outarde est parmi les oiseaux d’Europe celui qui a le plus de rapport avec l’autruche, et que la cane-petière n’est qu’une petite outarde ; en sorte que tout ce que j’ai dit dans le traité de la génération sur les testicules des femelles des quadrupèdes[NdÉ 2] s’applique ici de soi-même à toute cette classe d’oiseaux, et trouvera peut-être dans la suite des applications encore plus étendues.

Au-dessous de ces deux corps glanduleux est placé l’ovaire, adhérant aussi aux gros vaisseaux sanguins ; on le trouve ordinairement garni d’œufs de différentes grosseurs, renfermés dans leur calice comme un petit gland l’est dans le sien et attachés à l’ovaire par leurs pédicules ; M. Perrault en a vu qui étaient gros comme des pois, d’autres comme des noix, un seul comme les deux poings[3].

Cet ovaire est unique comme dans presque tous les oiseaux, et c’est, pour le dire en passant, un préjugé de plus contre l’idée de ceux qui veulent que les deux corps glanduleux qui se trouvent dans toutes les femelles des quadrupèdes représentent cet ovaire, qui est une partie simple[4], au lieu

  1. Hist. de l’Académie des Sciences, année 1756, p. 44.
  2. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 108.
  3. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, p. 138.
  4. Le bécharu est le seul oiseau dans lequel MM. les anatomistes de l’Académie aient cru trouver deux ovaires. Mais ces prétendus ovaires étaient, selon eux, deux corps glanduleux d’une substance dure et solide, dont l’un (c’est le gauche) se divisait en plusieurs grains de grosseurs inégales ; mais sans m’arrêter à la différente structure de ces deux corps, et en tirer des conséquences contre l’identité de leurs fonctions, je remarquerai seulement que c’est une observation unique et dont on ne doit rien conclure jusqu’à ce qu’elle ait été confirmée ; d’ailleurs, j’aperçois dans cette observation même une tendance à l’unité, puisque l’oviductus, qui est certainement une dépendance de l’ovaire, était unique.
  1. Les organes que Buffon désigne ici sous le nom de testicules sont, en réalité, les glandes surrénales.
  2. Les femelles des mammifères, comme celles des oiseaux, n’ont jamais de testicules.