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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/271

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Leurs plumes ne sont pas, à beaucoup près, aussi belles que celles de l’autruche[1] ; Coréal dit même qu’elles ne peuvent servir à rien[2] ; il serait à désirer qu’au lieu de nous parler de leur peu de valeur, les voyageurs nous eussent donné une idée juste de leur structure : on a trop écrit de l’autruche et pas assez du touyou ; pour faire l’histoire de la première, la plus grande difficulté a été de rassembler tous les faits, de comparer tous les exposés, de discuter toutes les opinions, de saisir la vérité égarée dans le labyrinthe des avis divers ou noyée dans l’abondance des paroles ; mais pour parler du touyou, nous avons été souvent obligés de deviner ce qui est d’après ce qui doit être ; de commenter un mot échappé par hasard, d’interpréter jusqu’au silence ; au défaut du vrai, de nous contenter du vraisemblable ; en un mot, de nous résoudre à douter de la plus grande partie des faits principaux et à ignorer presque tout le reste, jusqu’à ce que les observations futures nous mettent en état de remplir les lacunes que, faute de mémoires suffisants, nous laissons aujourd’hui dans son histoire.


LE CASOAR

Les Hollandais sont les premiers qui ont fait voir cet oiseau à l’Europe ; ils le rapportèrent de l’île de Java en 1597, à leur retour du premier voyage qu’ils avaient fait aux Indes orientales[3] ; les habitants du pays l’appellent eme, dont nous avons fait émeu ; ceux qui l’ont apporté lui ont aussi donné le nom de cassoware[4], que nous prononçons casoar, et que j’ai adopté, parce qu’il n’a jamais été appliqué à aucun autre oiseau ; au lieu que celui d’émeu a été appliqué, quoique mal à propos, au touyou, comme nous l’avons vu ci-dessus dans l’histoire de cet oiseau.

Le casoar[NdÉ 1], sans être aussi grand ni même aussi gros que l’autruche, paraît plus massif aux yeux, parce qu’avec un corps d’un volume presque égal, il a le cou et les pieds moins longs et beaucoup plus gros à proportion, et la partie du corps plus renflée, ce qui lui donne un air plus lourd.

  1. Hist. des Incas, t. II, p. 276.
  2. Voyages de Coréal, t. II, p. 208.
  3. Hist. générale des Voyages, t. VIII, p. 112. — Clusius, Exotic., lib. v, cap. iii, p. 97, édit. fol. 1605, ex Off. Plantin.
  4. Bontius. — Frisch, ad tabulam, p. 105.
  1. Casuarius galeatus Vieill. [Note de Wikisource : actuellement Casuarius casuarius Linnæus, vulgairement casoar à casque]. — Les Casuarius sont des Coureurs de la famille des Casuaridés qui se distinguent par un cou relativement court ; des pieds à trois doigts ; un bec élevé, presque comprimé ; la tête ordinairement pourvue d’un appendice osseux. Les ailes portent chacune cinq baguettes rigides, sans barbe, qui servent d’armes de combat.