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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/381

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lorsque l’animal étant mort de langueur a passé les derniers temps de sa vie sans manger ; la membrane interne du gésier est très ridée, peu adhérente à la tunique nerveuse, et d’une substance analogue à celle de la corne.

Le jabot, lorsqu’il est soufflé, est de la grosseur d’une balle de paume ; le canal intermédiaire entre le jabot et le gésier est d’une substance plus dure et plus blanche que la partie du conduit intestinal qui précède le jabot, et ne présente pas, à beaucoup près, un si grand nombre de vaisseaux apparents.

L’œsophage descend le long du cou, à droite de la trachée-artère[1], sans doute parce que le cou qui, comme je l’ai dit, est fort long, se pliant plus souvent en avant que sur les côtés, l’œsophage, pressé par la trachée-artère dont les anneaux sont entièrement osseux ici, comme dans la plupart des oiseaux, a été poussé du côté où il y avait le moins de résistance.

Ces oiseaux sont sujets à avoir dans le foie, et même dans la rate, des concrétions squirreuses ; on en a vu qui n’avaient point de vésicule du fiel ; mais, dans ce cas, le rameau hépatique était fort gros ; on en a vu d’autres qui n’avaient qu’un seul testicule[2] : en général, il paraît que les parties internes ne sont pas moins susceptibles de variétés que les parties extérieures et superficielles.

Le cœur est plus pointu qu’il ne l’est communément dans les oiseaux[3] ; les poumons sont à l’ordinaire ; mais on a remarqué dans quelques sujets qu’en soufflant dans la trachée-artère pour mettre en mouvement les poumons et les cellules à air, on a remarqué, dis-je, que le péricarde, qui paraissait plus lâche qu’à l’ordinaire, se gonflait comme les poumons[4].

J’ajouterai encore une observation anatomique, qui peut avoir quelque rapport avec l’habitude de crier, et à la force de la voix de la peintade ; c’est que la trachée-artère reçoit dans la cavité du thorax deux petits cordons musculeux longs d’un pouce, larges de deux tiers de ligne, lesquels s’y implantent de chaque côté[5].

La peintade est en effet un oiseau très criard, et ce n’est pas sans raison que Browne l’a appelée gallus clamosus[6] ; son cri est aigre et perçant, et à la longue il devient tellement incommode que, quoique la chair de la peintade soit un excellent manger et bien supérieur à la volaille ordinaire, la plupart des colons d’Amérique ont renoncé à en élever[7]. Les Grecs avaient un mot particulier pour exprimer ce cri[8] ; Élien dit que la méléa-

  1. Voyez les Mémoires pour servir à l’hist. nat. des animaux, partie ii, p. 84, etc.
  2. Voyez idem, ibidem, p. 84.
  3. Voyez idem, ibidem, p. 86, etc.
  4. Histoire de l’Académie des sciences, t. Ier, p. 153.
  5. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, loco citato.
  6. Natural history of Jamaïc., p. 470.
  7. Lettres édifiantes, Recueil XX, loco citato.
  8. Καγχάζϵίν, selon Pollux. Gesner, de Avibus, p. 479.