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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/396

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très difficilement, l’amour de la couvée l’emportant en cette occasion sur la crainte du danger.

Dès que les petits sont éclos, ils se mettent à courir avec beaucoup de légèreté ; ils courent même avant qu’ils soient tout à fait éclos, puisqu’on en voit qui vont et viennent ayant encore une partie de leur coquille adhérente à leur corps : la mère les conduit avec beaucoup de sollicitude et d’affection ; elle les promène dans les bois, où ils se nourrissent d’œufs de fourmis, de mûres sauvages, etc. La famille demeure unie tout le reste de l’année, et jusqu’à ce que la saison de l’amour, leur donnant de nouveaux besoins et de nouveaux intérêts, les disperse, et surtout les mâles qui aiment à vivre séparément ; car, comme nous l’avons vu, ils ne se souffrent pas les uns les autres, et ils ne vivent guère avec leurs femelles que lorsque le besoin les leur rend nécessaires.

Les tétras, comme je l’ai dit, se plaisent sur les hautes montagnes ; mais cela n’est vrai que pour les climats tempérés, car dans les pays très froids, comme à la baie d’Hudson, ils préfèrent la plaine et les lieux bas, où ils trouvent apparemment la même température que sur nos plus hautes montagnes[1]. Il y en a dans les Alpes, dans les Pyrénées, sur les montagnes d’Auvergne, de Savoie, de Suisse, de Westphalie, de Souabe, de Moscovie, d’Écosse, sur celles de Grèce et d’Italie, en Norvège et même au nord de l’Amérique. On croit que la race s’en est perdue en Irlande[2], où elle existait autrefois.

On dit que les oiseaux de proie en détruisent beaucoup, soit qu’ils choisissent pour les attaquer le temps où l’ivresse de l’amour les rend si faciles à surprendre, soit que, trouvant leur chair de meilleur goût, ils leur donnent la chasse par préférence.


LE PETIT TÉTRAS

ou coq de bruyère à queue fourchue

Voici encore un coq et un faisan, qui n’est ni coq ni faisan : on l’a appelé petit coq sauvage, coq de bruyère, coq de bouleau[NdÉ 1], etc., faisan noir, faisan de montagne ; on lui a même donné le nom de perdrix, de gelinotte ; mais, dans le vrai, c’est le petit tétras, c’est le premier tetrao de Pline, c’est le

  1. Histoire générale des Voyages, t. XIV, p. 663.
  2. Zoologie britannique, p. 84.
  1. Tetrao tetrix L. [Note de Wikisource : actuellement Lyrurus tetrix Linnæus, vulgairement tétras lyre]. — Beaucoup d’ornithologistes modernes donnent à cet oiseau le nom de Lyrurus Tetrix ; ils distinguent le genre Lyrurus du genre Tetrao à cause de la forme fourchue de la queue des Lyrurus.