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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/501

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chasseur des environs de Monthard, qui chassait à la chanterelle au mois de mars dernier (1770), en vit une volée de cent cinquante ou deux cents qui parut se détourner, attirée par le cri de la chanterelle ; mais qui, dès le lendemain, avait entièrement disparu. Ce seul fait, qui est très certain, annonce et les rapports et les différences qu’il y a entre ces deux perdrix : les rapports, puisque ces perdrix étrangères furent attirées par le chant d’une perdrix grise ; les différences, puisque ces étrangères traversèrent si rapidement un pays qui convient aux perdrix grises et même aux rouges, les unes et les autres y demeurant toute l’année ; et ces différences supposent un autre instinct, et par conséquent une autre organisation, et au moins une autre race.

Il ne faut pas confondre cette perdrix de Damas ou de Syrie avec la syroperdix d’Élien[1], que l’on trouvait aux environs d’Antioche, qui avait le plumage noir, le bec de couleur fauve, la chair plus compacte et de meilleur goût, et le naturel plus sauvage que les autres perdrix ; car les couleurs, comme l’on voit, ne se rapportent point ; et Élien ne dit pas que sa syroperdix soit un oiseau de passage ; il ajoute, comme une singularité, qu’elle mangeait des pierres, ce qui cependant est assez ordinaire dans les granivores. Scaliger rapporte, comme témoin oculaire, un fait beaucoup plus singulier qui a rapport à celui-ci ; c’est que dans un canton de la Gascogne, où le terrain est fort sablonneux, la chair des perdrix était remplie d’une quantité de petits grains de sable fort incommodes[2].


LA PERDRIX DE MONTAGNE

Je fais une race distincte de cette perdrix[NdÉ 1], parce qu’elle ne ressemble ni à l’espèce grise ni à la rouge ; mais il serait difficile d’assigner celle de ces deux espèces à laquelle elle doit se rapporter ; car, si d’un côté l’on assure qu’elle se mêle quelquefois avec les perdrix grises[3], d’un autre côté, sa demeure ordinaire sur les montagnes et la couleur rouge de son bec et de ses pieds la rapprochent aussi beaucoup des perdrix rouges, avec qui je soupçonne fort qu’elle se mêle comme avec les grises ; et par ces raisons je suis porté à la regarder comme une race intermédiaire entre ces deux espèces principales ; elle est à peu près de la grosseur de la perdrix grise, et elle a vingt pennes à la queue.


  1. Élien, de Naturâ animalium, lib. xvi, cap. vii.
  2. Scaliger, Comm. in P. L. ari. de Plant.
  3. Voyez Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 226.
  1. Elle paraît n’être qu’une simple variété du Starna cinerea [Note de Wikisource : c’est-à-dire de l’actuelle Perdix perdix].