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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/537

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2o Par la douceur de son naturel, qui rend cette espèce susceptible d’être apprivoisée au même degré que nos poules domestiques ;

3o Par les impressions singulières que le froid fait sur son tempérament : elle ne chante, elle ne vit que lorsqu’elle voit le soleil ; dès qu’il est couché, elle se retire à l’écart dans quelque trou où elle s’enveloppe, pour ainsi dire, de ses ailes pour y passer la nuit ; et dès qu’il se lève, elle sort de sa léthargie pour célébrer son retour par des cris d’allégresse qui réveillent toute la maison[1] ; enfin, lorsqu’on la tient en cage, si elle n’a pas continuellement le soleil, et qu’on n’ait pas l’attention de couvrir sa cage avec une couche de sable sur du linge, pour conserver la chaleur, elle languit, dépérit et meurt bientôt ;

4o Par son instinct : car il paraît, par la relation de Bontius, qu’elle l’a fort sociable et qu’elle va par compagnies ; Bontius ajoute qu’elle se trouve dans les forêts de l’île de Java ; or nos cailles vivent isolées et ne se trouvent jamais dans les bois ;

5o Enfin, par la forme de son bec qui est un peu plus allongé.

Au reste, cette espèce a néanmoins un trait de conformité avec notre caille et avec beaucoup d’autres espèces, c’est que les mâles se battent entre eux avec acharnement et jusqu’à ce que mort s’ensuive ; mais on ne peut pas douter qu’elle ne soit très différente de l’espèce commune, et c’est par cette raison que je lui ai donné un nom particulier.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI PARAISSENT AVOIR DU RAPPORT AVEC LES PERDRIX ET AVEC LES CAILLES

I.LES COLINS.

Les colins sont des oiseaux du Mexique qui ont été indiqués plutôt que décrits par Fernandez[2], et au sujet desquels il a échappé à ceux qui ont copié cet écrivain plus d’une méprise qu’il est à propos de rectifier avant tout.

Premièrement, Nieremberg, qui fait profession de ne parler que d’après les autres et qui ne parle ici des colins que d’après Fernandez[3], ne fait

  1. Bontius dit qu’il tenait de ces oiseaux en cage exprès pour servir de réveille-matin ; et en effet leurs premiers cris annoncent toujours le lever du soleil.
  2. Voyez Fernandez, Historia avium novæ Hispaniæ, cap. xxiv, xxv, xxxix, lxxxix et cxxxiv.
  3. Voyez Joann. Euseh. Nierembergi Historia naturæ maximè peregrinæ, lib. x, cap. lxxii, p. 232.