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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/82

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qui ont disséqué deux aigles, l’un mâle et l’autre femelle, de l’espèce commune[1]. Après avoir remarqué que les yeux étaient fort enfoncés, qu’ils avaient une couleur isabelle avec l’éclat d’une topaze, que la cornée s’élevait avec une grande convexité, que la conjonctive était d’un rouge fort vif, les paupières très grandes, chacune étant capable de couvrir l’œil entier, ils ont observé, sur les parties intérieures, que la langue était cartilagineuse par le bout et charnue par le milieu ; que le larynx était carré et non pas en pointe, comme il l’est à la plupart des oiseaux qui ont le bec droit ; que l’œsophage, qui était fort large, s’élargissait encore davantage au-dessous pour former le ventricule ou estomac ; que cet estomac n’était point un gésier dur, qu’il était souple et membraneux comme l’œsophage, et qu’il était seulement plus épais par le fond ; que ces deux cavités, tant du bas de l’œsophage que du ventricule, étaient fort amples et proportionnées à la voracité de l’animal ; que les intestins étaient petits comme dans les autres animaux qui se nourrissent de chair ; qu’il n’y avait point de cæcum dans le mâle ; mais que la femelle en avait deux assez amples et de plus de deux pouces de longueur ; que le foie était grand et d’un rouge fort vif, ayant le lobe gauche plus grand que le droit ; que la vésicule du fiel était grande et de la grosseur d’une grosse châtaigne ou marron ; que les reins étaient petits à proportion et en comparaison de ceux des autres oiseaux ; que les testicules du mâle n’étaient que de la grosseur d’un pois et de couleur de chair tirant sur le jaune, et que l’ovaire et le conduit de l’ovaire dans la femelle étaient comme dans les autres oiseaux[2].


LE PYGARGUE

L’espèce du pygargue me paraît être composée de trois variétés, savoir : le grand pygargue, le petit pygargue et le pygargue à tête blanche[NdÉ 1]. Les deux premiers ne diffèrent guère que par la grandeur, et le dernier ne diffère presque en rien du premier, la grandeur étant la même, et n’y ayant

  1. Quoique MM. de l’Académie aient pensé que ces deux aigles, qu’ils ont décrits et disséqués, étaient de l’espèce du grand aigle (chrysaëtos), il est aisé de reconnaître, par leur propre description et en comparant leurs indications avec les miennes, que ces deux aigles n’étaient pas de la grande espèce, mais de l’espèce moyenne ou commune.
  2. Mémoires pour servir à l’Histoire des animaux, partie ii, article de l’aigle.
  1. De ces trois variétés les deux premières appartiennent à la même espèce, l’Haliaëtus ossifragus L. (H. albicilla Briss.) ou pygargue vulgaire, aigle de mer [Note de Wikisource : actuellement, Haliaeetus albicilla Linnæus]. Le grand pygargue de Buffon est la femelle et son petit pygargue le mâle. Quant au pygargue à tête blanche de Buffon, il constitue une véritable espèce, l’Haliaëtus leucocephalus Cuv. [Note de Wikisource : actuellement, Haliaeetus leucocephalus Linnæus]. Les Haliaëtus appartiennent à la sous-famille des Aquiliens. Ils se distinguent des aigles par un bec très gros, des ailes pointues, aussi longues que la queue, qui est légèrement échancrée.