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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/111

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ART. X. FLEUVES.

entre le Pont-Neuf et le Pont-Royal, fût parfaitement de niveau, et que partout elle eût dix pieds de profondeur ; imaginons pour un instant que tout d’un coup on pût mettre à sec le lit de la rivière au dessous du Pont-Royal et au dessus du Pont-Neuf : alors l’eau qui seroit entre ces deux ponts, quoique nous l’ayons supposée parfaitement de niveau, coulera des deux côtés en haut et en bas, et continuera de couler jusqu’à ce qu’elle se soit épuisée ; car, quoiqu’elle soit de niveau, comme elle est chargée d’un poids de dix pieds d’épaisseur d’eau, elle coulera des deux côtés avec une vitesse proportionnelle à ce poids ; et cette vitesse diminuant toujours à mesure que la quantité d’eau diminuera, elle ne cessera de couler que quand elle aura baissé jusqu’au niveau du fond. Le poids de l’eau contribue donc beaucoup à la vitesse de l’eau ; et c’est pour cette raison que la plus grande vitesse du courant n’est ni à la surface de l’eau ni au fond, mais à peu près dans le milieu de la hauteur de l’eau, parce qu’elle est produite par l’action du poids de l’eau qui est à la surface, et par la réaction du fond. Il y a même quelque chose de plus ; c’est que si un fleuve avoit acquis une très grande vitesse, il pourroit non seulement la conserver en traversant un terrain de niveau, mais même il seroit en état de surmonter une éminence sans se répandre beaucoup des deux côtés, ou du moins sans causer une grande inondation.

On seroit porté à croire que les ponts, les levées et les autres obstacles qu’on établit sur les rivières, diminuent considérablement la vitesse totale du cours de l’eau ; cependant cela n’y fait qu’une très petite diffé-