Aller au contenu

Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
THÉORIE DE LA TERRE.

bornée à l’occident et au nord par les terres de Corée et de Tartarie, à l’orient et au midi par celles de Kamtschatka, d’Yeço, et du Japon, sans qu’il y ait d’autre communication avec l’Océan que celle du détroit dont nous avons parlé, entre Kamtschatka et Yeço : car on n’est pas assuré si celui que quelques cartes ont marqué entre le Japon et la terre d’Yeço, existe réellement ; et quand même ce détroit existeroit, la mer de Kamtschatka et celle de Corée ne laisseroient pas d’être toujours regardées comme formant ensemble une grande mer méditerranée, séparée de l’Océan de tous côtés, et qui ne doit pas être prise pour un golfe, car elle ne communique pas directement avec le grand Océan par son détroit méridional qui est entre le Japon et la Corée ; la mer de la Chine, à laquelle elle communique par ce détroit, est plutôt encore une mer méditerranée qu’un golfe de l’Océan.

Nous avons dit dans le discours précédent, que la mer avoit un mouvement constant d’orient en occident, et que par conséquent la grande mer Pacifique fait des efforts continuels contre les terres orientales. L’inspection attentive du globe confirmera les conséquences que nous avons tirées de cette observation ; car si l’on examine le gisement des terres, à commencer de Kamtschatka jusqu’à la Nouvelle-Bretagne découverte en 1700 par Dampier, et qui est à 4 ou 5 degrés de l’équateur, latitude sud, on sera très porté à croire que l’Océan a rongé toutes les terres de ces climats dans une profondeur de 4 ou 500 lieues ; que par conséquent les bornes orientales de l’ancien continent ont été reculées, et qu’il s’étendoit autrefois beaucoup plus vers l’orient : car on remarquera que