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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/211

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ART. XII. FLUX ET REFLUX.

dans le mouvement des marées, il y a une très grande partie de l’Océan qui se meut sensiblement ; toute la masse des mers se meut donc en même temps, et les mers sont agitées par ce mouvement dans toute leur étendue et dans toute leur profondeur.

Pour bien entendre ceci, il faut faire attention à la nature de la force qui produit le flux et le reflux, et réfléchir sur son action et sur ses effets. Nous avons dit que la lune agit sur la terre par une force que les uns appellent attraction, et les autres pesanteur : cette force d’attraction ou de pesanteur pénètre le globe de la terre dans toutes les parties de sa masse ; elle est exactement proportionnelle à la quantité de matière, et en même temps elle décroît comme le carré de la distance augmente. Cela posé, examinons ce qui doit arriver en supposant la lune au méridien d’une plage de la mer. La surface des eaux étant immédiatement sous la lune, est alors plus près de cet astre que de toutes les autres parties du globe, soit de la terre, soit de la mer ; dès lors cette partie de la mer doit s’élever vers la lune, en formant une éminence dont le sommet correspond au centre de cet astre : pour que cette éminence puisse se former, il est nécessaire que les eaux, tant de la surface environnante que du fond de cette partie de la mer, y contribuent ; ce qu’elles font en effet à proportion de la proximité où elles sont de l’astre qui exerce cette action dans la raison inverse du carré de la distance. Ainsi la surface de cette partie de la mer s’élevant la première, les eaux de la surface des parties voisines s’élèveront aussi, mais à une moindre hauteur, et les eaux du fond de toutes ces parties éprouveront le