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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/262

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THÉORIE DE LA TERRE.

lement volent au sommet des plus hautes montagnes, mais même ils s’élèvent encore au dessus à de grandes hauteurs. Or, je demande s’ils pourroient exécuter leur vol ni même se soutenir dans un fluide qui seroit une fois moins dense, et si le poids de leur corps, malgré tous leurs efforts, ne les ramèneroit pas en bas.

3o Tous les observateurs qui ont grimpé au sommet des plus hautes montagnes conviennent qu’on y respire aussi facilement que partout ailleurs, et que la seule incommodité qu’on y ressent est celle du froid, qui augmente à mesure qu’on s’élève plus haut. Or, si l’air étoit d’un tiers moins dense au sommet des montagnes, la respiration de l’homme, et des oiseaux qui s’élèvent encore plus haut, seroit non seulement gênée, mais arrêtée, comme nous le voyons dans la machine pneumatique dès qu’on a pompé le quart ou le tiers de la masse de l’air contenu dans le récipient.

4o Comme le froid condense l’air autant que la chaleur le raréfie, et qu’à mesure qu’on s’élève sur les hautes montagnes le froid augmente d’une manière très sensible, n’est-il pas nécessaire que les degrés de la condensation de l’air suivent le rapport du degré du froid ? et cette condensation peut égaler et même surpasser celle de l’air des plaines, où la chaleur qui émane de l’intérieur de la terre est bien plus grande qu’au sommet des montagnes, qui sont les pointes les plus avancées et les plus refroidies de la masse du globe. Cette condensation de l’air par le froid, dans les hautes régions de l’atmosphère, doit donc compenser la diminution de densité produite