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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/54

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THÉORIE DE LA TERRE.

est assez bizarre ; nous lui en laissons l’explication pour passer à ce que ces sortes d’observations ont de plus général et de plus intéressant.

» Toutes les plantes gravées dans les pierres de Saint-Chaumont sont des plantes étrangères ; non seulement elles ne se trouvent ni dans le Lyonnois, ni dans le reste de la France, mais elles ne sont que dans les Indes orientales et dans les climats chauds de l’Amérique : ce sont la plupart des plantes capillaires, et souvent en particulier des fougères. Leur tissu dur et serré les a rendues plus propres à se graver et à se conserver dans les moules autant de temps qu’il a fallu. Quelques feuilles de plantes des Indes, imprimées dans les pierres d’Allemagne, ont paru étonnantes à M. Leibnitz : voici la même merveille infiniment multipliée ; il semble même qu’il y ait à cela une certaine affectation de la nature ; dans toutes les pierres de Saint-Chaumont on ne trouve pas nue seule plante du pays.

» Il est certain, par les coquillages des carrières et des montagnes, que ce pays, ainsi que beaucoup d’autres, a dû autrefois être couvert par l’eau de la mer ; mais comment la mer d’Amérique ou celle des Indes orientales y est-elle venue ?

» On peut, pour satisfaire à plusieurs phénomènes, supposer avec assez de vraisemblance, que la mer a couvert tout le globe de la terre : mais alors il n’y avoit point de plantes terrestres ; et ce n’est qu’après ce temps là, et lorsqu’une partie du globe a été découverte, qu’il s’est pu faire les grandes inondations qui ont transporté des plantes d’un pays dans d’autres fort éloignés.