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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/29

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UNE PAROISSE MODERNE

tion de huit à neuf cents âmes, disséminée sur une immense superficie.

Une centaine de maisons distribuées le long d’une avenue longue, droite, large et bordée d’arbres touffus dont les cimes en se recourbant se rejoignent presque, de façon à former comme un dôme au-dessus des passants, tel était alors le village de Saint-Jérôme.

Cette avenue, ressemblant à un tunnel de feuillage, allait en s’éclaircissant graduellement et s’ouvrait sur les terres encore à moitié incultes qui précédaient les premiers contreforts des Laurentides. À gauche coulait la rivière du Nord, venue discrètement des montagnes et coulant entre des rives tranquilles, après s’être précipitée plus haut en une douzaine de cascades dont on entendait le grondement lointain comme un tonnerre confus. Des deux côtés de la rivière courait une campagne onduleuse, rayée de longs coteaux sinueux et gonflée çà et là d’énormes mamelons qu’avait polis la charrue et qu’emprisonnaient les champs de foin, de blé, d’orge, de sarrasin et d’avoine, de jour en jour s’élargissant et refoulant leur barrière de souches et de roches.

On avait comme un reflet affaibli des sombres forêts et des épaisses montagnes qui répandaient