Aller au contenu

Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
LE CURÉ LABELLE

tion, au-dessous une rangée de candélabres et, de chaque côté, des vases remplis de fleurs de papier. Au dehors, dix à douze maisons composant le village, la Rouge dessinant de longs et gracieux méandres, un petit cimetière sur un talus, où quelques tombes se devinaient au renflement du sol piqué d’une pauvre petite croix de deux à trois pieds de hauteur, et, au loin, par delà les autres montagnes qui semblaient des collines, la grosse montagne Tremblante répandant cette ombre épaisse qui retarde le jour et qui augmente les ténèbres.

Le curé Labelle fit le sermon de circonstance. Un sermon du « curé » dans les montagnes, pour des gens qu’il ne voyait que de loin en loin et qui avaient besoin qu’on leur parlât d’une foule de choses propres à leur remettre le cœur dans la poitrine, ne pouvait pas débuter par le texte de l’Évangile. Le curé parla longuement à ces malheureux exilés sur le sol même de leur patrie de leurs petits intérêts, de leurs défrichements, de leurs progrès et surtout et bien particulièrement de la construction prochaine du chemin de fer