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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/6

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AU PORTIQUE

toujours de plus en plus dures, de plus en plus inattaquables.

L’œil suit jusqu’à l’horizon ces vagues énormes de pierre qui sont comme un océan tumultueux, secoué dans toutes ses entrailles, et cependant sans marées, sans tempêtes, sans fureurs. Sorties par un puissant effort du sein de la terre, elles lui ont fait de profondes blessures, mais qui ne portent nulle part l’empreinte d’une gestation violente, de l’effraction titanesque des hautes chaînes qui divisent en sections nettement tranchées la surface de notre planète.


II


Les Laurentides n’ont point l’altitude formidable de l’Hymalaya, ni l’ampleur majestueuse des Alpes, ni la massive et architecturale membrure des Pyrénées, ni l’étagement énorme, indéfini, mystérieux, toujours grondant, toujours menaçant des Cordilières et des Rocheuses. Elles ne sont point le résultat de ces terribles convulsions du globe qui ont rayé chaque continent d’arêtes colossales, auxquelles se ramifient toutes les structures secondaires. Elles ne sont pas non