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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/71

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LE CURÉ LABELLE

utilité et de quelle force serait un pareil appoint pour le succès de son gouvernement.

Le curé Labelle rencontrait enfin un premier ministre qui avait des vues, qui avait en tête des idées et voulait en assurer la réalisation. Ces vues étaient patriotiques, justes et sûres. C’était là pour le curé la raison politique par excellence. Dans l’œuvre à accomplir venaient s’engloutir indifféremment toutes les personnalités, aussi bien que la sienne, pourvu que ces personnalités représentassent une valeur et une force. En acceptant d’être sous-ministre de l’agriculture, le curé semblait s’écarter de son rôle d’apôtre : tout au contraire, c’était pour le continuer sous une autre forme, la première ayant été rendue désormais impossible par l’âge, par les fatigues et les infirmités.

Jamais entente entre deux hommes supérieurs n’a été établie plus délibérément ni plus cordialement maintenue, et chaque jour qui s’écoula les vit se féliciter tous deux de plus en plus de s’être tendu la main. L’un comprenait tout ce que lui valait l’autre, et celui-ci savait tout ce que pouvait faire celui-là, si la fortune continuait à lui sourire. Ces deux hommes s’entendirent donc si bien parce que d’abord la nature