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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/74

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LE CURÉ LABELLE

de nouveaux cours et, dans l’espace même, des routes invisibles qu’il suit néanmoins d’un regard assuré ; en contemplant enfin tant de manifestations, si diverses et si multiples de l’activité et du génie universels, le curé Labelle comprenait que la tâche de l’homme est aujourd’hui centuplée, qu’ayant beaucoup plus à faire il faut qu’il fasse beaucoup plus vite, et que loin d’avoir les loisirs d’autrefois, il a à peine même le temps de jouir de l’œuvre et du devoir accomplis. Il savait qu’on trouve aisément aujourd’hui les moyens de mettre à exécution tout projet sensé et praticable, quand il en coûterait des efforts et des sommes gigantesques ; il savait qu’entre la conception et la réalisation d’un projet sérieux l’intervalle devient de plus en plus étroit, de plus en plus vite franchi, et il précipitait ses pas, il multipliait ses démarches, il entassait démonstrations sur démonstrations, il annonçait et il expliquait à tous l’idée féconde, il ne se donnait ni trêve, ni relâche et c’est ainsi que la mort l’a surpris, comme il méditait de faire acheter par le gouvernement provincial ou par une compagnie franco-canadienne le chemin de fer de Québec à Ottawa, dont il voulait faire une ligne d’une importance sans égale pour nous et destinée à deux fonctions principales : 1o alimenter les petits che-