Aller au contenu

Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
CHRONIQUES

paroisses en général, les pasteurs anglicans et presbytériens, les rabbins et les derviches. À mesure qu’un élève aura complété son éducation, il devra faire appel au Conseil Privé d’Angleterre pour être investi de la faculté d’interprétation, surtout en matière diplomatique. Dans le cas où ce Suprême Conseil repousserait sa demande, il devra protester au nom de la liberté de conscience et des minorités opprimées et se constituera en état d’amendement perpétuel.»

J’ai parlé tout à l’heure de la France. On s’est habitué à croire depuis bientôt deux ans que c’est elle qui avait été vaincue par l’Allemagne ; ce paradoxe, né de trompeuses apparences, tend enfin à disparaître devant certains faits inconnus jusqu’aujourd’hui et qui sont concluants. Il est vrai que la France a convenu de payer cinq milliards de pots cassés, mais cet argent lui revient déjà de cent façons, tandis que l’Allemagne est loin de rentrer dans ses déboursés. Il paraît que c’est à qui se sauvera en Allemagne du service militaire et se cachera des splendides rayons du nouvel empire. Plus la Prusse remporte de victoires et reçoit de milliards, plus les Prussiens émigrent. Les hommes politiques de ce pays en ont la chair de poule ; l’un d’eux faisait remarquer, dans une des dernières séances du Reichstag, que les émigrés ne se composent pas principalement de gens appartenant aux classes pauvres, mais qu’ils sont pour la plupart de petits propriétaires qui ne sont plus à même de prospérer dans leur pays.

Un autre orateur a mis tout sur le compte des agents d’émigration qui séduisent le peuple. Il a cité à ce propos un district qui, sur une superficie d’environ trois cents lieues, ne compte que 50 000 habitants,