Aller au contenu

Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
CHRONIQUES

Angleterre. Un autre fait le dénombrement des chiqueurs et trouve qu’il y en a 640 000 en Amérique de plus que dans la Grande-Bretagne ! Celui-ci fait le compte de toutes les particules planétaires volantes que notre globe s’agrège dans sa course, et trouve qu’il y en a cinquante billions par année ; celui-là estime que, dans trois cent mille ans, la fréquence des raz-de-marée donnera des jours de 480 heures : enfin un autre calcule le nombre de chopes de bière qu’un soulographe émérite a bues durant sa vie et la quantité de pipes qu’il a fumées. Tout cela est fort instructif : mais voici un genre de statistique devant lequel les plus hardis dénombreurs ont jusqu’à présent reculé. On peut calculer à peu près le nombre des étoiles, à la rigueur celui des poissons dans toutes les mers connues, mais on n’osera jamais faire le compte de tous les idiots qui peuplent notre petite planète. Voilà qui épouvante l’imagination, et, à ce que je disais tout à l’heure que la statistique était une véritable épidémie, je suis heureux d’ajouter qu’elle a des limites.

Elle est bornée par ce qui n’a pas de bornes, par la bêtise humaine.


TROISIÈME CAUSERIE

Il n’y a rien qui dérange les habitudes de la vie comme un banquet officiel. D’abord, ces banquets sont toujours lourds ; on y mange mal et l’on boit épais ; les discours, mélange de plum-pudding et de papier mâché, opèrent sur la digestion comme du plomb