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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/220

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CHRONIQUES

des Hellènes n’a pas gardé le monopole de la jalousie »… « C’est cela ! » s’est dit le Courrier, dans un moment d’inspiration, « si j’introduis le monopole de la jalousie dans mon article, d’abord c’est très saisissant comme expression, et ensuite, au point de vue des manufactures canadiennes, ça me ménage une transition habile pour arriver à la protection et ensuite à Sir George. » En effet, le Courrier, ayant trouvé le joint, s’écrie : « Cette misérable passion est venue s’implanter sur le sol canadien… » La jalousie qui s’implante sur le sol ! hein ! Voyez-vous comme ça vient bien et comme chaque chose est à sa place ?

En signalant à mes concitoyens des articles de ce goût et de cette langue, je crois faire assez pour mon pays et mériter d’être élu jusqu’à la fin des siècles.

Quand je vous dirai maintenant que la lecture des journaux conservateurs est, depuis une quinzaine de jours surtout, la source des plus ineffables jouissances en même temps qu’une expérience à bon marché des profondeurs que peut atteindre la bêtise humaine, je ne pense pas m’avancer trop et je reste convaincu que l’ingratitude est, à côté de cela, encore une noble passion, qu’elle s’implante ou non sur le sol.

De tous les grands bienfaits dont Sir George nous a grossis, le plus important, à mon sens, est celui de nous avoir ramenés à l’âge de fer, qu’il ne faut pas confondre avec l’âge d’innocence, celui du Courrier de Saint-Hyacinthe. Tous les métaux ne se ressemblent pas, quoique Sir George les ait réunis tous dans sa seule personne, comme dans un immortel laboratoire pour l’instruction des chimistes reconnaissants. Si nous avons pu méconnaître un pareil homme, c’est que notre