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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/269

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par les travailleurs de l’Intercolonial et la difficulté qu’on eut à se procurer des ouvriers dans les commencements de cette gigantesque entreprise. Aujourd’hui même, cette difficulté existe encore et est une des nombreuses causes qui ont retardé l’accomplissement de cette œuvre qui sera l’une des plus belles de l’Amérique, malgré les préjugés de partis et les fausses idées de ceux qui, placés à distance, ne peuvent juger de ce qui se passe sur les lieux.

Il y a cinquante-deux ans, Dalhousie n’existait pas. Il n’y avait qu’une chaumière de tonnelier là où s’élève maintenant une petite ville qui, avant longtemps, aura quintuplé sa population. Ce tonnelier travaillait pour les bâtiments qui venaient à l’entrée de la Ristigouche prendre des cargaisons de bois et de saumons. Sur le parcours de la Baie, jusqu’à une distance de dix-huit ou vingt lieues environ, il n’y avait que cinq à six maisons de pêcheurs, et toute la contrée était sauvage. Depuis Métis jusqu’à Dalhousie, à travers la vallée de la Matapédia, une longueur de chemin de quarante-cinq lieues, il n’y avait que des Indiens éparpillés ça et là, les descendants de ceux qui avaient combattu pour le pavillon français. On peut voir encore à Esquiminac, sur le côté canadien de la Ristigouche, à dix milles de Dalhousie, l’endroit où une troupe d’indiens massacra un équipage anglais qui avait voulu pénétrer dans l’intérieur de la colonie française ; et, plus loin, le voyageur peut contempler la Pointe à la Batterie, fortification élevée pour défendre les missions des Jésuites qui, à cette époque, étaient