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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/28

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Américains construisent, l’honorable Hector s’est écrié que la Confédération deviendrait le grand entrepôt du commerce de l’Asie ; et, emporté par les mouvements de son imagination trop sensible, en face des splendides horizons qui s’ouvraient devant nous, il s’exclama, en parlant des Chinois et des Cris de la Colombie Anglaise : « Nos frères du Pacifique » et il étendit les bras comme pour les embrasser. Ce cri de l’âme arriva jusqu’à mes oreilles plus sonore que tout le reste. En ce moment, un gros muffle, face d’hippopotame repu, empoignant le husting de ses deux bras pour ne pas tomber, hurla encore une fois : « Hourrah pour M. Langevin. »

Ceci fut le signal de nombreux cris : « Pelletier, Pelletier, » et une grêle de coups de poing s’en suivit entre les pochards qui entouraient l’estrade et qui étaient trop ivres pour se reconnaître entre eux. Mais ce fut l’affaire d’un instant, et l’élu par acclamation reprit : « Mes frères (il confondait, il avait toujours les Chinois dans la tête), mes frères. À propos de la navigation libre du Saint-Laurent, nous n’accordons presque rien de nouveau aux Américains ; ils ont toujours joui de cette navigation librement, excepté entre Coteau du Lac et Montréal, et c’est ce petit bout du fleuve seulement que nous leur donnons de plus par le traité de Washington ; mais ils n’ont pas l’usage de nos canaux, qui restent pour eux dans leur condition antérieure.

« Et à propos des pêcheries, la plus grande question de toutes pour la Confédération Canadienne, notre représentant à Washington, Sir John A. Macdonald a protesté contre l’abandon qui en était fait aux États-Unis. Mais on lui a répondu : « Signez toujours le