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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/316

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M. Fournier faisait ses terribles interpellations qui tombent dans le camp ministériel comme des boulets de soixante tout rouges.

Piqué de l’aiguillon de la chose publique, je m’acheminai vers le Parlement ; j’entrai, il faisait sombre et horriblement chaud. Je montai en sueurs les deux escaliers qui mènent à la galerie de la presse ; j’arrivai… qu’entendis-je ? M. Bellerose faisant une péroraison !… Alors je baissai la tête et je sondai les abîmes de mon malheur ; je n’eus pas une plainte, pas une larme, mais je sentis le vide de la vie et mon âme me sembla un désert où tous les sables tourbillonnaient.

M. Bellerose parla une demi-heure et je restai une demi-heure à l’entendre. Qu’est-ce donc si ce n’était pas là du désespoir ?

Enfin, je l’ai…



30 Novembre.

Enfin, voilà le franc et joyeux hiver qui s’annonce, l’hiver blanc et net, pur et sain. Cela date d’hier seulement, 29 novembre ; cette année il y a du retard, mais nous ne perdrons rien pour avoir attendu. Quelle journée que celle d’hier, et quelle vie, quel bonheur, quel entrain dans la rue St-Jean, à quatre heures de l’après-midi, heure des équipages, des dandies, des filles à marier, des paresseux et des chroniqueurs ! Dans Québec il n’y a qu’une rue, pour ainsi dire, c’est la rue St-Jean, large comme un trottoir de la rue St-Jacques de Montréal, et longue comme un des corridors du Mechanics’Hall ; mais quand toute la gent élé-