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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/35

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il faut de suite, avec la mine qui leur convient et non pas celle qui les défigure. Du reste cette artillerie volontaire paraît aussi bien qu’il lui est possible, vu qu’elle a de rares occasions de se montrer, et qu’elle ne figure guère que pour faire escorte au lieutenant gouverneur, à l’ouverture et à la clôture du parlement.


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Cacouna, 13 Juillet 1871.


Quelle étrange saison ! Ciel brillant, ciel qui invite et qui fait peur à la fois, qui échauffe et glace tour à tour dans la même journée, pur et limpide le matin, chaud à midi, brûlant à cinq heures, froid à huit. Quand vient le soir, le voyageur qui voulait partir le lendemain matin hésite ; sa femme a le frisson, ses jeunes filles s’enveloppent dans leurs mantilles : Ah mama ! how chilly ! et le bon père, qui a les poumons pleins de la poussière des rues, s’immole : l’homme est né pour le sacrifice, la femme pour l’imposer. Les jeunes gens, les élégants, les cocodès et autres, excepté les correspondants de journaux, hommes inaltérables, voyant les jeunes filles rester à la ville, y restent aussi. C’est logique, mais c’est ennuyeux comme tout ce qui est bien raisonné.

Cependant les Anglaises sont braves. Quel est ce bruit de voix argentines, ce gazouillement humain qui