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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/81

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CHRONIQUES

root, des boules de riz, du vermicelle ou du potage pour deux centins, il peut satisfaire sa faim ou du moins la contenir.

Voilà ce qu’on fait dans les pays barbares pour l’amour de ses semblables. À Québec, il vous faut crever de faim, si vous n’êtes pas prêt à dîner entre midi et deux heures.[1]

Québec a vu naître une nouveauté dans son sein ; c’est la fondation d’un théâtre français à Saint-Roch. De toutes les choses inattendues, celle-là ne l’était pas le moins à coup sûr. Transformer la salle du marché Jacques-Cartier en salle de théâtre était déjà une tentative hardie ; elle a été couronnée de succès. Il y avait foule à la première représentation, et le jeu des acteurs a été aussi brillant que le choix des pièces était heureux. Maugard et Génot sont des comiques de la bonne école ; celui-ci était en même temps le peintre des décors. Son rideau de scène, représentant Jacques Cartier couronné par l’Amérique sous les traits d’une femme, est une véritable inspiration ; c’est rendre du coup le théâtre populaire, et je n’ai nul doute qu’il se soutiendra aisément, grâce à cette intelligente population de Saint-Roch qui n’a pas tout perdu avec le départ de ses nombreuses familles pour les États-Unis.

Je reviens à Saint-Thomas ; ce n’est pas difficile,

  1. C’est bien changé depuis treize ans que cette chronique a été écrite.