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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/83

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CHRONIQUES

fasse ? Depuis que l’honorable Langevin a quitté la capitale, de quoi peut-on s’entretenir ? Il est vrai qu’on a pris, il y a quelques jours, un veau-marin sur la batture de Beauport, et que cet imprudent amphibie avait quatre pieds de long. S’il avait eu cinq pouces de plus, ce serait peut-être plus intéressant ; ces cinq pouces m’auraient sans doute fourni un paragraphe pour finir ma chronique, mais je suis obligé de rester court. Il est évident que cela ne peut pas durer, et qu’avec la reprise du mouvement, au commencement de septembre, il se fera une réaction formidable dans la vie de la capitale comme dans celle de mes correspondances dont j’ai l’honneur d’être

Votre tout dévoué

POUR LE « PAYS. »

10 Septembre.

La grande affaire du jour à Québec est le vote du comté de Champlain qui refuse de concourir à la construction du chemin de fer du nord. Il parait que c’est le diable qui est cause de tout cela ; les habitants du comté en ont une peur incroyable, et depuis le jour où on leur a dit qu’une locomotive était le propre cheval de Belzébuth, ils n’ont plus vu dans les avocats du chemin que des suppôts de l’enfer et ils ont cru à la fin du monde. Le programme catholique n’est pas étranger à ces légitimes appréhensions de consciences