Aller au contenu

Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Courrier se met en frais de dire la vérité, il n’y va pas de main-morte. Défaut d’habitude.

Québec menace décidément de n’être plus reconnaissable avant six mois ; la ville des ruines commence à avoir des trottoirs. Tous les esprits sont en mouvement et on ne parle que d’améliorations, de manufactures, d’industries nouvelles. Les murs s’écroulent de toutes parts, les portes sont renversées, et dans leurs espaces béants, parmi des flots de poussière, au son des mines qui éclatent, on voit l’essaim des travailleurs, la pioche à la main, ne pas se ralentir du matin au soir. L’avenue Saint-Louis, avec ses adorables résidences, ses jardins, ses gazons, ses bosquets, pourra désormais être embrassée d’un coup-d’œil du haut de la plate-forme, et la destruction de la porte Prescott change du tout en tout l’aspect de la côte de la Basse-Ville. Au sommet de cette côte est notre confrère l’Événement qui est là, seul, isolé au milieu des débris, montrant sa face jaune et railleuse à travers une vieille masure qui ne reste debout que par tradition ou par impuissance de tomber toute seule, — ce qui n’empêche pas notre confrère d’être, par lui-même, très vigoureux, au point de trouver que le Pays n’est plus un journal assez avancé, et qu’il nous faut aujourd’hui un programme de l’avenir à la place de celui que vous avez publié. Ecoutez-le plutôt :

« Le programme esquissé par le Pays, et qui, il y a quelques années, aurait paru fort sage, est trop étroit aujourd’hui. C’est un programme tout constitutionnel,