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Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/112

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VOYAGES.

En effet, sur cette interminable route, je ne me rappelle pas que le train ait été en retard de cinq minutes à aucun des nombreux endroits où il s’arrête. Ces endroits se représentent à peu près tous les huit, dix ou douze milles ; ce sont en général de petits villages assis dans le sable sans un arbre, sans un ruisseau, et dont les trois quarts des maisons sont des saloons, expression adoucie pour bars, et l’autre quart des magasins de provisions, d’épiceries et de tous les objets de première nécessité ; ce sont autant de petits centres d’alimentation pour les settlers qui parcourent les plaines et pour les passagers de la ligne. Les Allemands forment la plus grande partie de la population de ces villages presque tous nouveaux ; les Canadiens n’y ont pas encore pénétré, c’est trop loin ; et, comme il est entendu que nos compatriotes qui ont émigré aux États-Unis ne demandent qu’à revenir en Canada, ils veulent rester à portée pour pouvoir répondre au premier appel du gouvernement.

Toutes les six ou sept heures on arrive à une station plus considérable que les autres où les passagers ont vingt minutes pour prendre un repas. Ils se précipitent comme ils peuvent, ayant perdu en grande partie l’habitude du mouvement. Voici le restaurant de la gare à une piastre, et, de l’autre côté, trois ou quatre cabanons où vous aurez du blé d’Inde sous toutes les formes, des tartes aux mûres qui sont mûres au-delà de toute expression, des semelles d’émigrants qui se déguisent en vain sous le nom de