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Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/176

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VOYAGES

sions, et souscrivent surtout pour la France avec une libéralité passée en proverbe qui fait voir combien le patriotisme est obstiné et survit à tout dans l’âme du français.

Ce sont eux qui ont fondé les plus beaux restaurants et cafés de la ville et qui ont inculqué à San-Francisco les mœurs et les habitudes de leur pays. Mais ils n’ont aucune prétention à y former un groupe à part, comme ils le font à New-York et dans d’autres villes américaines. San-Francisco étant une ville essentiellement cosmopolite, formée des éléments les plus nombreux et les plus divers, il ne saurait y exister de distinctions nationales ; tous les groupes se confondent dans l’ensemble et chacun n’est qu’un passant au milieu d’autres passants courant sur une mer de sable.

Rien ne frappe comme ce caractère nomade imprimé en quelque sorte sur la physionomie de chaque habitant de San-Francisco ; il semble aussi étranger dans sa ville que celui qui y est arrivé de la veille. Il va et se déplace sans cesse, court dans l’intérieur ou suit le littoral de la Californie où partout l’appellent des affaires et des entreprises ; il semble ne garder San-Francisco que comme un pied-à-terre, comme une base d’opérations où il vient de temps à autre pour se procurer tout ce dont il a besoin ou tout ce qu’il désire. Les hommes de toutes les parties du monde se donnent incessamment rendez-vous dans cette ville unique qui offre des types à profusion ; mais il ne faut pas y avoir l’air de s’étonner de quoi que ce soit, attendu qu’on passerait son temps à