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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/112

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Le Meschacébé de la Nouvelle-Orléans salue mon apparition par ces lignes flatteuses :

« Nous recevons le No 6 de la Lanterne Canadienne, publiée à Montréal, par M. A. Buies. C’est vif, et même un peu raide pour un pays qui n’a guère entendu jusqu’ici que le son des cloches orthodoxes. Nous ne savons si elle s’y acclimatera, mais nous souhaitons à son bouillant et spirituel rédacteur de ne point rencontrer de Marfori sur son chemin.

Les personnes, qui aiment le pamphlet et la polémique, peuvent souscrire à la Lanterne… »

Les Marfori du Canada ne sont pas à plaindre. Leur arme, leur unique arme, est le goupillon ; ils s’en servent avec vigueur, mais… je suis invulnérable.

Ils s’en vengeront dans l’autre monde.

De son côté, le New York Mercantile me consacre ces bienveillantes paroles.

« La Lanterne Canadienne est une nouvelle et mordante publication française, publiée à Montréal toutes les semaines, d’après le modèle de la Lanterne de Rochefort qui a presque révolutionné Paris et est devenue l’objet de toutes les conversations en Europe.

Le nouveau-né a déjà mis en émoi tout le Canada, et pendant que les progressistes en sont ravis, les vieux conservateurs orthoxes le dénoncent en termes qui ont perdu toute mesure. »

Il est vrai qu’à côté de ces témoignages, l’Ordre dit que je n’écris que des saletés.

Que me servirait maintenant l’approbation de l’univers ?

M. Ricard, curé d’Acton, vient de renvoyer le Pays avec 212 refusés sur l’enveloppe.

L’administration du journal est restée convaincue qu’il ne voulait pas le recevoir.

Je reçois la communication suivante d’un homme qui a occupé longtemps les plus hautes fonctions politiques, et qui est d’autant mieux placé pour juger les campagnes qu’il les habite depuis quarante ans :

M. le Rédacteur — Vous avez bien choisi votre position pour livrer bataille au parti clérical, d’abord parce qu’il est manifeste que les arguments de ses organes sont faits sur commande, et que la mauvaise foi qui les inspire perce partout ; ensuite, parce que vous n’avez pas laissé de porte ouverte au placement ou à la vente de vos convictions.

Mais gardez-vous bien ; le tentateur est plein de ressources.