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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/255

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LA LANTERNE


No 19




Montréal est une ville où il y a bon nombre de marchés, beaucoup de bœufs et quantité de moutons, sans compter la population qui s’élève à 130, 000 âmes.

Il y a trois théâtres ; le Théâtre Royal où il est défendu d’aller, l’église du Gésu où il est défendu de ne pas aller, et les Variétés où l’on joue un jour une chose et le lendemain rien du tout, ce qui constitue la variété.

Le Gésu est un théâtre spécial. Dans tous les autres, une fois sa loge payée pour la saison, on y a un droit absolu ; mais au Gésu, chaque fois qu’il y a une représentation extraordinaire, tout individu qui paie un dollar ou un écu vous enlève votre banc.

La population se divise à peu près également en deux classes, les prêtres et les mendiants.

Les prêtres portent généralement de très gros casques, sans doute pour que l’esprit saint ne s’en échappe pas.

Cette population a certains goûts princiers : les parties de billard, les séances de boxe, les bouffonneries des ménestrels, les combats de coqs et les départs de l’évêque pour l’Europe.

Le nombre des idiots est en raison directe du nombre des confréries ; il s’élève à peu près à 20,000.

Il y a presque autant d’églises que de ministres des différents cultes, mais très peu d’écoles.