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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/291

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Cependant il est des exceptions.

Je citerai par exemple M. Désaulniers, député de Saint Maurice.

M. Désaulniers est l’homme qu’il faut au Canada.

Il a dit dans une des dernières séances « que ses électeurs lui avaient conféré un seul mandat, ce dont il les remerciait beaucoup, et que s’ils lui en eussent donné deux, il les remercierait d’avantage. »

Voilà un homme qui a de la logique, et qui s’exprime comme il pense !

En récompense de cette noble franchise, pourquoi ses électeurs ne lui confient-ils pas un troisième mandat pour qu’il les remercie triplement ?

Des mandats, on n’en saurait trop avoir ; mais des mandataires, ah ! voilà la difficulté.

« Deux négations valent une affirmation, » c’est la grammaire qui l’enseigne.

Je crois aussi juste de dire que deux affirmations valent une négation.

En effet, il suffit à un député d’avoir un double mandat pour être comme s’il n’en avait pas du tout.

C’est grâce à son double mandat que M. Langevin se promène sur le Grand Tronc pendant les sessions fédérales et provinciales.

C’est aussi, à cause de ce double mandat, que M. Cartier a établi sa résidence en Angleterre, d’où il ne reviendra plus, paraît-il, pas même à Pâques, ni à la Trinité.

M. Chapais, qui n’est pas un aussi grand voyageur, mais qui a le double mandat, a compris que son devoir l’appelait chez lui pendant que le parlement siégeait.

Si deux mandats se détruisent, il en faut un troisième.

Espérons qu’on introduira cette réforme dans la municipalité du Bas-Canada.

Il me sera permis de rappeler en passant que M. Bessette, député archi-provincial, est opposé au double mandat en principe, mais qu’il est également opposé à toute discussion à ce sujet.

Je vois clair dans cette pensée.

M. Bessette est convaincu qu’aucune lumière ne peut jaillir d’une discussion faite dans le parlement de Québec.

Il partage du reste cette conviction avec le ministère qui n’en a pas d’autres.

Une nouvelle terrible est arrivée de Québec la semaine dernière.

On disait partout qu’un jeune homme, nommé Chaloner, avait tiré deux coups de pistolet à un officier anglais qui, après avoir