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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/99

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Cependant, Dieu ne veut pas laisser périr le monde sous les griffes de Satan, car le nombre des élus n’est pas encore complet. Il ne le laissera qu’un peu de temps sous la puissance de ce prince des ténèbres, et ensuite il le délivrera. Il est tout probable même que cette délivrance ne s’opérera qu’après les crises les plus terribles.

De même qu’aux jours où le Fils de l’homme parut sur la terre, les possédés étaient violemment agités au moment où il commandait à l’Esprit immonde de sortir de leurs corps, de même aussi le monde actuel passera par les convulsions de l’agonie lorsque Satan lâchera prise. Il faut du sang et du sang à flots pour expier les crimes dont ce monde s’est rendu coupable envers Dieu et son Église.

Plus loin, parlant des cataclysmes terribles qui ont eu lieu récemment au Pérou, en Californie, en Italie, en Suisse, la Gazette ajoute :

Ces formidables ébranlements devraient nous donner beaucoup à réfléchir. Notre globe entre en convulsions parce qu’un immense désordre règne dans les mœurs et les intelligences ; il gémit sous le pouls des iniquités des hommes ; il s’agite, impatient qu’il est de voir arriver le moment où l’Esprit sanctificateur viendra renouveler la face de la terre.

Et l’on voudra que je me taise maintenant ! on voudra que je ne répète pas, sur tous les tons et sous toutes les formes, que tant que l’éducation sera entre les mains du clergé, nous ne pourrons sortir de la honteuse infériorité où nous croupissons, et que nous ne pouvons que former tôt ou tard un peuple de crétins, foulé aux pieds sur notre propre sol, parias d’un monde que nous ne comprendrons pas, pendant que les races étrangères, nous poussant du pied, se réserveront à elles seules les magnifiques destinées de notre continent !

Si les prétendus libéraux qui foisonnent partout, et qui passent leur temps à se plaindre en redoutant le remède, me laissent seul à lutter contre cette théocratie qui nous a paralysés et abrutis, tant pis pour eux.

Je ne puis que me sacrifier à leur avancement, en leur réservant ma pitié.

Il a été question dernièrement d’attirer en Canada une émigration française.

Je ne vois pas pourquoi les Français, qui ont aboli la dîme chez eux depuis quatre-vingts ans, s’amuseraient à venir la payer ici, ni ne vois-je comment nous conserverions des étrangers, quand nous ne pouvons même pas garder ceux dont le Canada est la patrie.

Du reste, personne ne désire une émigration française ; les Anglais n’y tiennent pas, le clergé tient à ce qu’elle ne vienne pas, et nous ne tenons qu’à ce à quoi tient le clergé.

Le Haut-Canada, lui, demande que l’émigration afflue sur son sol, à quelque nationalité, à quelque religion qu’elle appartienne.

Ce n’est pas là le seul exemple d’intelligence, de libéralité et de sentiment du progrès que nous donne cette province-sœur, depuis qu’elle a le bonheur de ne plus être traînée avec nous à la remorque du monde.

Elle a réduit à un chiffre insignifiant le sens électoral et les conditions d’éligibilité ; elle vient de refuser toute subvention du gouverne-