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Page:Buies - Québec en 1900, conférence, 1893.djvu/23

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québec en 1900

Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de jours qu’il put atteindre Beauport, seul et à moitié mort, si la chronique est bien fidèle et si mes souvenirs le sont également.

À partir de ce jour on n’entendit plus parler de chemin de colonisation d’ici au Lac, jusqu’à ce que la Compagnie actuelle eût résolu d’en construire un en fer. Depuis lors, en revanche, on en parle dans toutes les occasions, parce que ce chemin est un des facteurs principaux de notre prospérité future.

Pardonnez-moi, Messieurs, de m’étendre un peu sur ce sujet. Il est pour nous d’un intérêt vital, et il offre tant de choses à dire que je vous prie de ne pas me trouver ennuyeux si j’appuie sur des aperçus et sur des considérations qui nous touchent de si près et qui commandent absolument notre attention.

IV

Messieurs, il y a vingt ans exactement, je parcourais pour la première fois de ma vie ce qui était alors la sauvage, pauvre et misérable région du Lac Saint-Jean. C’était un pays voué à la désolation et à la ruine. Tous les jours il se dépeuplait. Les malheureux habitants, découragés de voir qu’on ne pouvait leur donner de communication par terre avec le marché de Québec, s’en allaient par centaines, et les paroisses allaient être bientôt réduites à n’être plus que des groupes de plus en plus affaiblis, de plus en plus isolés.

Je m’étais rendu là par curiosité et par amour des voyages,