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Page:Buies - Québec en 1900, conférence, 1893.djvu/47

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québec en 1900

Il nous faut avant tout de l’espace, de la circulation libre, libre pour toutes fins que de droit, si nous voulons que le Québec futur ouvre sa poitrine et étende ses membres. Et, pour cela, il faut commencer par trouer les remparts. Oh ! soyez tranquilles ; je ne demande pas qu’on prive à jamais les Québecquois de la vue exquise que leur offre cette ceinture de pierre si pittoresque, si élégante et si chère à leurs yeux. Chère ? On ne sait pas pourquoi, par exemple. Ce que les remparts nous disent, ce qu’ils sont pour nous, quel intérêt historique ils peuvent avoir, autant de questions. Ce qu’ils donnent à notre ville d’originalité et de cachet comme le clamaient dernièrement quelques journaux, cela au moins n’est pas une question. Je sais bien qu’il est de mode, chez certaines personnes, de trouver que tout ce qui touche à la physionomie militaire de Québec a nécessairement du cachet et de l’originalité, qu’il s’y rattache nécessairement des souvenirs historiques, que c’est là surtout ce qui attire chez nous les étrangers, ce qui fait leur admiration et donne à la cité de Champlain son caractère unique.

Je connais tout cela, mais je sais aussi tout ce qui entre de convention, de tradition irréfléchie et de parti pris dans ces protestations. Je sais ce que valent ces engouements de commande et ces indignations magnifiques, qui parcourent toute la gamme des cris de paon ; mais je ne sais pas ce qu’ils signifient.

Oh ! Messieurs, il faut réagir énergiquement, et tout de suite, contre ce préjugé qui se dresse devant nous comme un obstacle, chaque fois que nous voulons nous débarrasser