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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/134

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récits de voyages

nous êtres égarés, d’autant plus que notre guide paraissait lui-même partager cette opinion. Au moment où nous nous y attendions le moins, Jack après dix minutes d’un exercice digne d’un ophicléide de Sax, nous aperçûmes devant nous, à quelques mètres de distance, éclairées comme par magie, les fenêtres d’une habitation que Jack nous annonça être l’étape où l’on nous attendait.

« Le maître de la maison était un nommé M. Joassin, et certes sa demeure ne pouvait point passer pour un palais. Nous entrâmes dans une grande salle de trente pieds carrés, meublée à l’aide de deux lits placés dans le coin le plus éloigné, de six chaises dépareillées et d’un fauteuil à bascule. Au milieu de cet abri s’élevait un poêle de fonte rempli de bois jusqu’à la gorge et rouge incandescent. Aussi l’atmosphère qui régnait autour de nous était-elle suffocante.

« Nous trouvâmes prêts à nous recevoir, et se pressant autour du foyer, le maître de la maison, sa femme, trois grandes filles maigres et disgraciées de la nature, quatre garçons aussi peu favorisés que leurs sœurs, cinq Indiens et une demi-douzaine de chiens.

« Avant de songer au repos, nous essayâmes de souper à l’aide d’une légère collation de thé et de gâteaux empruntée à notre provision. Nous cherchâmes ensuite deux coins isolés, afin d’y pouvoir étendre nos pelisses de bisons et achever tant bien que mal notre nuit.

« Les chiens suivirent notre exemple, et comme la chaleur de nos fourrures leur paraissait préférable à l’humidité du sol, ils se glissèrent peu à peu à nos côtés, et malgré les menaces que nous leur adressâmes, ils se maintinrent près de nous sans vouloir écouter nos récriminations ; j’avais, pour ma part, un