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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/58

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récits de voyages

Ce qui frappe le voyageur passant par Collingwood, c’est la tranquillité et l’ordre constant qui régnent dans cette petite ville où arrivent et d’où partent tous les jours tant de gens, par les chemins de fer ou par les bateaux à vapeur ; c’est cette civilisation simple, étrangère aux phrases stéréotypées et au déploiement fastidieux de manières qui accompagnent nos moindres actes de courtoisie. Le caractère particulier des gens de l’Ouest, que ce soit dans l’ouest des États-Unis ou dans l’ouest du Dominion, c’est l’obligeance, une obligeance que chacun peut réclamer parce qu’il est censé devoir l’exercer à son tour, aussitôt qu’il en est requis, et qui naît du sentiment profond, de la pratique constante de l’égalité entre les hommes. Mais, en revanche, rien n’est moins communicatif que les habitants de l’Ouest.

Entrez par exemple dans un des deux excellents hôtels de Collingwood, et vous trouverez dans la principale pièce du rez-de-chaussée sept, huit, dix ou douze individus, lisant les journaux ou fumant leurs cigares, sans se dire un mot les uns aux autres pendant des heures entières. On n’enlèverait jamais à un Français, tombé inopinément au milieu de ces gens-là, l’idée qu’ils sont