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Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, première conférence, 1886.djvu/24

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dernier, et qu’elles y trouvent dans la pêche seule leur subsistance durant plusieurs mois ; mais, d’un autre côté, il se fait là un véritable ravage et une dépopulation des lacs auxquels il est temps que le gouvernement avise en s’emparant de chacun d’eux et en les affermant à des particuliers ou à des compagnies, s’il veut prévenir un anéantissement complet de la truite. Le gouvernement se ferait certainement par ce moyen un revenu de 15 à 20,000 dollars, par année, dont une partie pourrait être consacrée à rétablir le salaire de fonctionnaires irréprochables, injustement et indignement diminué par un ministère antérieur, et dont l’autre partie paierait les frais d’imprimeur des écrivains canadiens qui font, ou des conférences ou les brochures utiles à leur pays. Ce n’est pas tous les jours que je donne des conseils au gouvernement, mais je suis tous les jours dans le cas de lui demander de l’argent, quoique je ne le fasse pas ; aussi, devrait-il profiter de l’occasion, et me savoir gré de lui donner un conseil qui fournira à notre population l’un des moyens de passer convenablement son carême encore pendant une longue suite d’années.

Ce qu’il y a de singulier, messieurs, dans ces lacs, c’est que chacun d’eux a son poisson propre, qui se distingue de celui des autres lacs par une nuance de la couleur du ventre. Ainsi, dans l’un la truite a le ventre blanc, dans l’autre elle l’a rouge ; dans un troisième la truite sera toute verte (il n’y en a nulle part de bleue) ; dans un quatrième il n’y aura que du poisson blanc, ailleurs ce sera du bar, du touradis… ; tout cela a été arrangé exprès pour les différents goûts des gens et suivant les couleurs