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Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, première conférence, 1886.djvu/30

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veau propriétaire du lot en a retiré du bois de corde pour une valeur de $4,000, et ce même lot est encore loin d’être épuisé ! Je vous annonce en outre que deux nouvelles scieries vont être installées ce printemps même, l’une à la Rivière Noire et l’autre à la Rivière à Pierre. On compte généralement environ trois mille acres de bois par mille d’étendue, sur une largeur de cinq milles de chaque côté de la voie ; le rendement de chaque acre est estimé à 25 cordes, et chaque corde en bois debout à 50 centins, disons en tout $12.00 par acre ; voyez un peu à combien cela se monte sur un parcours de 150 milles !

Mais voici, messieurs, un autre côté de la question, et il est essentiel d’en tenir compte. Les commerçants de bois, dans toute autre partie de la province, ont de nombreux frais à subir avant de voir leur cargaison embarquée sur les navires d’outre mer. Il leur faut « faire chantier, » sur des concessions de bois (ce qu’on appelle vulgairement limites) souvent très éloignées, expédier les billots sur des rivières jusqu’aux moulins, là, les faire équarrir, scier, et cuber en madriers, ce qu’on appelle le pilage, état dans lequel le bois reste parfois longtemps avant de pouvoir être expédié, enfin, le faire transporter dans des barges ou des goëlettes jusqu’au port d’embarquement, quand on ne l’envoie pas sous forme de trains de bois (cages) qui mettent un temps infini à descendre le fleuve, toutes opérations qui prennent énormément de temps et d’argent, et dont le coût diminue d’autant les profits. Ici, rien de tout cela. Le chemin de fer passe au milieu de la forêt même ; il