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Page:Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 50e année , 5e série, 1931.djvu/546

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Je ne regrette pas la vie, je ne regrette pas ce qu’encore j’aurais pu faire. Mais je sens une angoisse. Il me semble voir, debout, près de mon lit, une figure immobile. Dans une main, un sablier ; l’autre, elle l’a portée sur mon cœur… Et mon cœur s’agite et bat dans ma poitrine, comme s’il avait hâte de parvenir à ses derniers battements. Décembre 1878.


Les Nymphes

J’avais devant moi une chaîne de belles montagnes s’étalant en amphithéâtre ; une forêt jeune et verte les couvrait du haut en bas.

Transparent, bleuissait au dessus de nos têtes un ciel du midi. De là-haut, le soleil jouait de ses rayons ; en bas, a demi cachés par l’herbe, babillaient les ruisseaux agiles.

Et je me souvins d’une vieille légende.

Au premier siècle de l’ère chrétienne, un bateau grec naviguait sur la Mer égéenne.

Il était midi. par temps calme. Et soudain, au-dessus de la tête du pilote, une voix venant des hauteurs prononça distinctement ces mots : « Lorsque tu passeras devant l’île, proclame à haute voix : Le Grand Pan est mort ! »

Le pilote fut surpris, il eut peur ; mais, quand son bateau courut le long de l’ile, il obéit, il clama : « Le Grand Pan est mort ! »

Et à l’instant même, en réponse à son cri, sur toute