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Page:Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 50e année , 5e série, 1931.djvu/548

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yeux qui fixement regardaient au loin. Qu’avait-elle aperçu ? Que regardait-elle ?

Je me tournai du côté où elle regardait. Juste au bord du ciel, à l’horizon, au-delà de la ligne basse des champs, un point brillait : une croix d’or sur le blanc clocher d’une église. C’était cette croix qu’avait aperçue la déesse.

J’entendis derrière moi un long soupir, entrecoupé, on eût dit la vibration d’une corde brisée ; et, quand je me retournai, de nymphes déjà plus de trace… Comme auparavant la vaste forêt verdoyait toute entière. Pourtant, çà et là, à travers le réseau serré des branches, apparaissaient et s’évanouissaient aussitôt on ne sait quelles blancheurs. Étaient-ce les tuniques des nymphes, étaient-ce les vapeurs qui s’élevaient du fond des vallées ? Je ne sais.

Mais combien je regrettais les déesses disparues !


Décembre 1878.


LI

L’égoiste

Il avait tout ce qu’il fallait pour être le fléau de sa famille,

Il était né avec une bonne santé ; il était né riche et, au cours de sa longue vie, resté riche et en bonne santé, il n’avait commis aucun manquement, il n’était tombé dans aucune erreur, jamais il n’avait dit un mot pour un autre, et, pas une seule fois, il n’avait commis d’impair. Ï] était irréprochablement honnête !., , Et fier, conscient