Page:Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, tome 52, 1853.djvu/576

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de Girard qui a si noblement répondu à l’appel de l’empereur ; de Philippe de Girard dont la France est en droit de se glorifier comme d’un de ses enfants les plus utiles.

« Si nous jetons un coup d’œil sur cette autre industrie que l’Empereur Napoléon Ier a voulu naturaliser en France, à la condition même d’interdire l’entrée des produits étrangers, la filature du coton, nous voyons que, quoique la chute de l’empereur, en 1815, eût occasionné la ruine des premiers importateurs des mull-jennys, de Richard Lenoir, de Lieven Bauwens, l’industrie cotonnière ne fut pas moins acquise à la France, où elle occupe actuellement 600,000 ouvriers, recevant annuellement 202 millions de salaires, et produisant pour 6 à 700 millions de marchandises.

« Vient enfin cette autre industrie, en faveur de laquelle les premières inspirations de Napoléon Ier ont été accueillies par l’Europe avec un sentiment d’incrédulité, à laquelle se mêlait souvent le sarcasme, et qui a eu la ville de Lille pour école expérimentale. Qu’a-t-elle donné à la France en échange de l’immunité de tout impôt qui lui a permis de naître et de grandir ? Elle a régénéré notre agriculture : impuissante qu’elle était, dans l’origine, à produire le sucre à plus de 6 et même 8 francs le kilog., elle le produit aujourd’hui à moins de 60 centimes ; elle livre à la consommation de la France plus de 100 millions de kilog. de ses produits, et trouve des imitateurs jusqu’en Angleterre ; elle occupe près de 30,000 hectares de nos meilleures terres, et par la rotation triennale augmente la fertilité et la production en céréales pour près de 100,000 hectares.

« D’ailleurs a-t-elle dit son dernier mot, cette betterave que j’appellerai volontiers une autre manne céleste, et qui a déjà donné à l’homme un aliment précieux, à un prix que prend le pain lorsque la récolte de blé est peu abondante ? Ne doit-elle pas être pour le législateur l’objet des plus sérieuses méditations, dans un moment où un fléau terrible s’appesantit sur la culture de nos vignes, cette betterave qui peut donner à nos populations, en outre d’un aliment sain à la portée des classes peu fortunées de la société, des boissons rafraîchissantes et la base des liqueurs alcooliques ?

« Dès cette campagne, dans un rayon peu étendu autour de nous, plus de trente établissements soumettront directement à la fermentation le jus de la betterave pour suppléer à l’insuffisance de notre récolte de raisin. C’est là, j’aime à le répéter, un sujet de profonde méditation pour les hommes d’État et qui fait apercevoir qu’au milieu des plus grands désastres industriels et sociaux le génie de l’homme découvre des remèdes lorsqu’il a le bonheur de se développer sous un pouvoir qui met le travail en honneur.

« La chambre de commerce, en voulant glorifier Napoléon Ier, pouvait-elle