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Page:Bulletin de la société de Paris et de l'Ile de France, 6e année, fasc 1 et 2, 1934.djvu/62

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exerçaient leur office. Ainsi nous voyons qu’en 1317, sous Philippe V le Long, Arnoul Braque, le fondateur de l’hôpital de Braque, qui était changeur, occupa sur le Grand-Pont la trente-quatrième place du côté de la Boucherie, puis, en 1318, la vingt-cinquième place, et payait pour cela, au roi, une redevance de dix livres parisis par an[1].

Une inondation qui survint au mois de décembre 1296, telle, disent les Grandes Chroniques[2], que l’on n’avait pas le souvenir d’en avoir vu de pareille, renversa, le 20 décembre, le Grand-Pont, avec les édicules construits dessus, et le Petit-Pont ainsi que son Châtelet. Pendant huit jours, les rues de la ville furent sous l’eau et on dut ravitailler les habitants à l’aide de barques. On peut voir par les Journaux du Trésor de Philippe le Bel[3] que, dans les années qui suivirent, on travailla activement surtout à la réfection du Grand-Pont. Une nouvelle inondation, qui eut lieu dans l’hiver de 1306, détruisit encore les ponts et fit sombrer au port de Grève un bon nombre de bateaux chargés de marchandises[4].

À la suite de ces inondations, beaucoup de maisons bâties en bordure de la Seine, du côté des Augustins, menacèrent de s’effondrer[5] ; le terrain était en pente et aucun mur ne les protégeait contre la poussée des flots. Seuls quelques saules, à l’ombre desquels erraient de vagues promeneurs, bordaient la rive. Pour prévenir la ruine de ces maisons qui serait certaine s’il survenait de nouvelles inondations, Philippe le Bel donna ordre, par lettres du 9 juin 1312, au prévôt des marchands, d’élever en cette partie un quai en pierres de taille. Le prévôt en ayant retardé l’exécution, le roi réitéra cet ordre le 23 mai 1313[6], lui prescrivant de construire ce quai entre la maison de Nesle, qui appartenait au roi, et celle de l’évêque de Chartres, faisant ressortir que les immeubles de cette rive étaient menacés d’une ruine prochaine.

Outre l’île de la Cité et l’île Saint-Louis que nous voyons actuellement, d’autres îles existaient encore sous Philippe le Bel. À l’extrémité des jardins du roi, dans l’île de la Cité, se trouvaient deux petites îles parallèles appelées de divers noms[7] : l’île aux Treilles, l’île de Seine, l’île aux Juifs, l’île de Bucy, etc. L’île Saint-Louis actuelle

  1. J. Viard, L’hôpital de Braque ; sa fondation. Arnoul Braque, son fondateur, dans Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XLVIII, p. 199.
  2. Éd. J. Viard, t. VIII, p. 170.
  3. Éd. J. Viard, nos 20, 317, 558, 686, etc. (sous presse).
  4. Grandes Chroniques, éd. J. Viard, t. VIII, p. 253.
  5. D. Félibien, Histoire de la ville de Paris, t. I, p. 523.
  6. D. Félibien, op. cit., t. I, p. cxiii.
  7. H. Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 401-402, et Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris, t. I : Quartier de la Cité, p. 182 à 189.