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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/124

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Voilà donc des faits qu’il ne parait pas possible de faire concorder avec les détails de la théorie de M. de Beaumont ; mais, il y a d’autres objections à faire dont personne n’a encore parlé. Si la direction des chaînes indiquait toujours des lignes de soulèvement, on peut objecter qu’on pourrait arriver à de singulières conclusions pour les chaînes composées de couches horizontales et non redressées, mais simplement soulevées avec les continens. Ainsi, par exemple, la chaîne du Jura allemand qui s’étend du Wurtemberg à Ratisbonne, ou environ de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est, puis de Ratisbonne jusqu’au près de Cobourg, ou environ du nord au sud, offrirait à M. de Beaumont deux lignes de soulèvement, tandis qu’en réalité elle n’a subi aucun dérangement, puisqu’elle est entièrement composée de couches horizontales. Les seules anomalies qu’on y connaisse sont quelques fentes dans diverses directions, et produites probablement par les basaltes de l’époque tertiaire. Si cette chaîne a été soulevée, elle l’a été conjointement avec tout le sol secondaire et ancien, et plus tard elle a été ravinée et dégradée.

En parcourant les assertions de M. de Beaumont, on trouve qu’il est tombé dans une erreur semblable à celle dont je signale la possibilité, lorsqu’il a voulu assigner l’âge du premier soulèvement éprouvé par les Apennins, d’après la ligne des collines subapennines. Avant les altérations ignées et les soulèvemens éprouvés dans la direction du sud-ouest au nord-est, les Apennins formaient une chaîne secondaire courbe. Comme la chaîne du sud-ouest de l’Allemagne, les couches y étaient horizontales ou presque horizontales ; or, M. de Beaumont a divisé cette courbe en deux lignes, et a placé en Toscane une intersection de deux systèmes de soulèvement, suppositions qu’il ne peut appuyer d’aucune observation géologique faite sur le terrain par lui ou par d’autres observateurs.

Il s’est fié uniquement au tracé des cartes, manière commode de faire de la géologie, que je vais considérer tout à l’heure.

L’excavation de la vallée du Pô n’a pas encore été bien comprise ; elle est le produit du creusement des torrens des Alpes les molasses et les marnes tertiaires qui séparaient les calcaires à Nummulites ou le sol tertiaire inférieur du Vicentin, des argiles et des sables supérieurs des collines subapennines. Cet étage tertiaire moyen ne s’est conservé