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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/357

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Pirna jusqu’à Tetschen, en Bohême. Cette Suisse saxonne présente partout des ravins profonds, tortueux, et ayant toutes sortes de directions, et par conséquent, il y a des montagnes de différentes hauteurs, dont les flaucs escarpés sont presque tous verticaux.

On n’y voit partout que du grès en couches presque horizontale, tantôt rougeâtre, tantôt blanchâtre, plus ou moins grossier ou fin. Les variétés les plus fines et les plus blanches sont employées à la bâtisse.

Toutes ces montagnes sont remplies de fentes et de crevasses verticales, et par conséquent perpendiculaires à la stratification des couches. Quelques unes vont jusqu’au fond des ravins, et des colonnes de grès restent isolées, ayant quelquefois plusieurs centaines de pieds d’élévation. Ces espèces de colonnes ont ça et là une grandeur prodigieuse, ou plutôt, ce sont de grandes buttes à flancs escarpés qui s’élèvent majestueusement sur la plaine et qui sont plus ou moins éloignées les unes des autres. Telles sont celles de Konigstein, de Lilienstein, de Barenstein, de Rosenberg, etc. Les sommités de presque toutes ces grandes masses de grès, présentent une surface plane et unie, ce qui, avec l’horizontalité presque générale des couches, est une preuve évidente qu’elles se sont successivement déposées dans le sein des eaux.

La première idée qui vient à l’esprit, est que les influences atmosphériques et principalement les courans des eaux pluviales, ont dévasté tout ce terrain et ont formé ces grands ravins, ou ces innombrables crevasses.

Pour former un aussi grand dépôt de sédiment, il paraîtrait nécessaire de supposer l’existence d’un bassin dont les bords dévalaient être, pour le moins, un peu plus hauts que le sommet de la montagne avancée du Hohe-Schneeberg. Mais dans ce cas, presque tout l’Erzgebirge aurait dû être recouvert par le dépôt du grès vert ; cependant il n’en reste pas la moindre trace dans toute cette chaîne, fait bien difficile à concilier avec cette hypothèse.

Ce grès ne se décompose pas si facilement par l’action des eaux et des influences atmosphériques. Le lieu qui aujourd’hui s’appelle la Bastie, était anciennement un fort ; il y avait des ponts qui passaient par-dessus quelques ravins. Dans le xve siècle ce fort fut rasé, et maintenant on a construit un autre pont qui est plus élevé et plus commode. On voit encore dans les flancs de la roche toutes les échancrures de l’ancienne charpente, aussi bien conservées que si elles venaient d’être taillées.

Les sommités planes de ces grands amas de couches arénacées ;